Guerre en Ukraine : l'UE dénonce un "pacte inquiétant" entre la Russie et la Chine

Par latribune.fr  |   |  575  mots
(Crédits : POOL)
Face aux projets de Moscou et de Pékin sur leurs voisins, les dirigeants japonais et européens continuent de défendre un "système multilatéral". Surtout, l'Union européenne veut à tout prix éviter l'ouverture d'une nouvelle zone de tension commerciale, alors qu'elle doit déjà gérer sur son continent le conflit mené par la Russie en Ukraine. Dans le même temps, à Washington, Joe Biden réunit l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) pour évoquer de nouvelles alliances.

Les Occidentaux resserrent les liens en Asie. Alors que la guerre en Ukraine a bouleversé les cartes de la géopolitique mondiale, une autre zone inquiète l'Europe et les Etats-Unis, avec les ambitions de la Chine sur Taïwan. Un nouveau jeu, pour l'heure diplomatique, est donc en train de s'écrire, à commencer par la relation avec Pékin. En visite jeudi à Tokyo au Japon, les plus hauts responsables de l'Union européenne ont ainsi affirmé que la Russie constituait la "menace la plus directe" pour l'ordre international. Alors que Moscou et Pékin se sont rapprochés lors de "la guerre barbare contre l'Ukraine", l'UE a invité la Chine à "défendre le système multilatéral".

Lors de sa rencontre avec le Premier ministre japonais, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, accompagnée du président du Conseil européen Charles Michel, a même évoqué "son pacte inquiétant avec la Chine" entre les deux pays.

Comme Moscou sur les territoires de l'ex-URSS, Pékin ne cache pas ses ambitions en mer de Chine et sur Taïwan, sur lesquelles l'UE se positionne plus clairement :

"L'Indo-Pacifique est une région en plein essor. Il est aussi le théâtre de tensions (...) Prenez la situation dans l'est et le sud de la mer de Chine, et la menace constante de la (Corée du Nord).

"L'Union européenne souhaite jouer un rôle plus actif dans l'Indo-Pacifique. Nous souhaitons prendre plus de responsabilité dans une région si cruciale pour notre prospérité", a déclaré Ursula von der Leyen.

La défense du multilatéralisme

Les deux responsables européens étaient à Tokyo pour un cycle annuel de discussions Japon-UE. "L'invasion de l'Ukraine par la Russie ne concerne pas seulement l'Europe, mais elle ébranle le cœur de l'ordre international, y compris l'Asie.

"Notre coopération en Ukraine est essentielle en Europe, mais elle est également importante dans la région indo-pacifique et nous voulons également approfondir nos consultations sur une Chine qui s'affirme de plus en plus", a déclaré Charles Michel.

"Nous pensons que la Chine doit s'affirmer pour défendre le système multilatéral dont elle a bénéficié pour développer son pays", a-t-il ajouté.

Mme von der Leyen a déclaré d'ailleurs que l'UE et le Japon renforçaient leur coopération, notamment avec le lancement d'un partenariat numérique.

Le scénario d'un conflit commercial avec la Chine

Ursula von der Leyen a ajouté que les deux parties s'emploieraient également à "diversifier et renforcer" leurs chaînes d'approvisionnement, signe d'une méfiance grandissante envers la Chine.

"C'est important car il y a des matériaux et des technologies qui sont devenus essentiels à notre économie et à notre vie quotidienne, comme les semi-conducteurs par exemple. Nous devons pouvoir compter sur des chaînes d'approvisionnement dignes de confiance", a souligné la présidente de la Commission européenne.

Le Japon et l'Union européenne avaient déjà renforcé leurs liens économiques avec leur vaste accord de libre-échange entré en vigueur en 2019, le Jefta.

De son côté, aux Etats-Unis, Joe Biden accueille aussi jeudi les dirigeants des pays d'Asie du Sud-Est (l'Association des nations d'Asie du Sud-Est ou Asean) à Washington pour afficher l'engagement concret des Etats-Unis dans cette région face aux appétits croissants de la Chine, qui pourrait prendre la forme d'une initiative commerciale revisitée.

(Avec AFP et Reuters)