Inflation : l'Allemagne veut alléger la charge fiscale de 48 millions de citoyens

Par latribune.fr  |   |  649  mots
Christian Lindner (FDP), ministre fédéral des Finances du gouvernement de coalition d'Olaf Scholz, a publié ce mercredi 10 août un communiqué de presse sur les points essentiels d'une loi sur la compensation de l'inflation. (Crédits : Reuters)
Parmi les 10 milliards d'euros de mesures fiscales que le gouvernement allemand s'apprête à adopter, certaines sont destinées à compenser les biais entraînés par "l'effet multiplicateur", ou "progression froide" qui pénalise par une imposition accrue un salarié ayant reçu une augmentation de salaire justement pour compenser les effets de l'inflation ! Un phénomène qui concerne... 48 millions de personnes.

Bien décidé à mettre un coup d'arrêt à la très forte inflation qui mine le pouvoir d'achat des Allemands, le ministre des Finances, Christian Lindner, a annoncé mercredi que Berlin allait adopter une série de mesures fiscales d'un montant de 10 milliards d'euros en 2023 pour atténuer l'envolée des prix. L'inflation a atteint 7,5% sur un an en juillet, en recul par rapport à juin mais elle se situe toujours à un très haut niveau en raison de la guerre en Ukraine.

Adaptation du barème de l'impôt

Dans le détail, Lindner prévoit certes d'augmenter le montant des allocations familiales mais également d'opérer une adaptation du barème de l'impôt sur le revenu, en l'occurrence, par le relèvement du niveau à partir duquel le taux maximal d'imposition sur le revenu de 42% s'appliquera.

Soulignant que le gouvernement était "contraint d'agir" face au renchérissement des prix, notamment ceux de l'énergie, le ministre a précisé que certaines de ces mesures seront également destinées à compenser "l'effet multiplicateur", ou "progression froide". Ce mécanisme pénalise tous ceux qui ont bénéficié d'une hausse de salaire, justement pour compenser l'inflation, et qui se retrouvent à devoir payer un supplément d'impôts ce qui amoindrit ou annule l'effet recherché de redressement du pouvoir d'achat.

Et ce n'est pas un phénomène de niche: si rien n'est fait, quelque 48 millions de personnes vont subir une augmentation d'impôts à partir de janvier 2023 en raison de ce phénomène, a indiqué M. Lindner.

Ce n'est pas le moment d'augmenter les impôts

Pour le ministre du gouvernement de coalition d'Olaf Scholz qui s'inquiète du renchérissement de la vie quotidienne de ses concitoyens, notamment par "l'augmentation des prix du gaz, de l'énergie et des denrées alimentaires", ce n'est pas le moment d'augmenter les impôts:

"Pour l'Etat, bénéficier (d'une augmentation des rentrées fiscales) au moment où la vie quotidienne est devenue plus chère (...) n'est pas juste et également dangereux pour l'économie", a-t-il admis lors d'une conférence de presse.

"Les perspectives économiques de notre pays sont également devenues plus fragiles et les pronostics de croissance économique doivent être revus à la baisse", a-t-il ajouté.

Les mesures précédentes n'ont pas encore montré leur efficacité

Le gouvernement a déjà adopté des mesures d'un montant total de 30 milliards d'euros pour soutenir le pouvoir d'achat, notamment des mesures temporaires pour alléger la facture énergétique des ménages comme un "rabais à la pompe" et un "ticket à 9 euros" par mois valable dans tous les transports publics hors lignes à grande vitesse jusqu'à fin août.

Mais l'automne et l'hiver s'annoncent redoutables dans la principale économie européenne en raison de la crise énergétique "encore à venir pour l'économie", selon le ministre de l'Economie, Robert Habeck, qui prévoit  "un hiver difficile".

Cet automne, la hausse des prix de l'énergie sera répercutée sur le consommateur final

Les Allemands vont voir leur facture de chauffage et d'électricité s'envoler à l'automne avec la décision du gouvernement de permettre la répercussion de la hausse des prix de l'énergie sur le consommateur final.

Berlin table sur une hausse de 2,2% du Produit intérieur brut (PIB) allemand cette année mais la Bundesbank, la banque centrale, se montre plus prudente avec une estimation de 1,9%.

La croissance est restée nulle au deuxième trimestre, plombée par l'accélération de l'inflation dans le sillage de la guerre en Ukraine. C'est l'une des plus piètres performances de la zone euro d'avril à fin juin.

Ce conflit meurtrier, entamé le 24 février avec l'invasion des troupes russes, a mis fin au rebond de l'activité économique entamé il y a un an après la récession historique provoquée par les restrictions liées à la pandémie de Covid-19.

(avec AFP)