Irlande : l'abandon de la petite monnaie réveille la polémique

Par latribune.fr  |   |  611  mots
Certains gouvernements de la zone euro ont décidé, en accord avec les commerçants et sur consultation des populations, de ne plus utiliser ces petites pièces, les faisant peu à peu disparaître.
Le gouvernement irlandais devrait approuver l'abandon des pièces de 1 et 2 centimes. Une mesure déjà adoptée par cinq pays européens, mais qui ne fait pas encore l'unanimité dans la zone euro.

Bientôt fini les opérations "pièces jaunes" en Irlande ? Le gouvernement envisagerait de retirer de la circulation les pièces de 1 et 2 centimes d'euros, au prétexte qu'elles coûtent plus cher à frapper qu'elles ne valent sur le marché. Selon un rapport du Plan paiement national irlandais (NPP), une pièce de 1 centime coûte 1,65 centimes à produire. Celles de 2 centimes reviennent à 1,94 centimes l'unité.

À titre de comparaison, la valeur intrinsèque d'une pièce de 1 euro (son coût de fabrication) est d'environ 5 centimes seulement. Surtout, "les particuliers traitent ces petites pièces comme des objets dénués de valeur et ne les réinjectent pas dans les circuits de paiement", observait la Commission européenne en 2013, alors qu'elle étudiait la pertinence d'un retrait de ces pièces.

"Une activité clairement déficitaire"...

Conséquence : "En Irlande, nous avons dû remplacer les pièces sorties du circuit en émettant plus de 30 millions d'euros en nouvelles pièces de 1 et 2 centimes depuis l'introduction de l'euro", expliquait Ronnie O'Toole, économiste de la banque centrale irlandaise en charge de l'application du NPP, au quotidien The Irish Times en 2013.

Même constat au niveau européen. "La production des pièces de 1 et de 2 cents est une activité clairement déficitaire pour la zone euro: on estime à 1,4 milliard d'euros la perte totale cumulée ayant résulté, depuis 2002, de la différence entre la valeur faciale de ces pièces et le prix payé par les États pour les obtenir", rapportait la Commission européenne en 2013.

Du fait du stockage des pièces par les particuliers, "les États membres de la zone euro ont émis plus de 45,8 milliards de pièces de 1 et de 2 cents, soit l'équivalent de 137 pièces par habitant depuis janvier 2002", poursuit le communiqué de la Commission européenne.

Arrondir aux 5 centimes les plus proches

Face à ces coûts, l'Irlande n'est pas la première à envisager l'abandon des petites pièces. En Finlande, ces dernières n'ont tout simplement jamais été mises en circulation -mais le pays en produit pour d'autres économies. Ont suivi le Danemark, la Suède, les Pays-Bas et la Belgique.

Mais attention, tous ces pays n'ont pas supprimé les pièces de 1 et 2 centimes, ce qui serait illégal puisque une telle décision devrait être prise au niveau européen. Non, leurs gouvernements ont juste décidé, en accord avec les commerçants et sur consultation des populations, de ne plus les utiliser, les faisant peu à peu disparaître. Certains pays, comme la Suède et peut-être bientôt l'Irlande, ont décidé d'arrondir les sommes payées aux 5 centimes les plus proches. Ainsi, les prix affichés restent les mêmes. C'est seulement la somme totale qui est arrondie.

Avec ce système, tout le monde est gagnant, estime, la dirigeante de la Chambre de commerce de Wexford, en Irlande, où l'expérience a été menée pendant un mois. Aucune inflation n'a été constatée, précise le rapport du NPP rendu à la fin de ce test.

Une mesure inflationniste ?

Mais tous ne partagent pas cet avis. Certaines associations caritatives, qui récupèrent ces petites pièces se seraient plaintes de la disparition d'une de leurs sources de revenu.

En France, Christophe Beaux, PDG de la Monnaie de Paris, dénonçait, sur Challenges en 2013, un mauvais message envoyé aux particuliers : les pièces de 1 et 2 centimes sont très utilisées quotidiennement et représentent une somme conséquente, en fin d'année, pour les ménages aux revenus modestes. Selon lui, il ne faut pas réduire la valeur de ces pièces à leur coût de production.