Grèce : une croissance inattendue au deuxième trimestre

Par latribune.fr  |   |  712  mots
La forte poussée du PIB au deuxième trimestre s'est appuyée sur de bonnes ventes de détail et sur le début solide de la saison touristique précise l'agence nationale des statistiques grecque.
En dépit des négociations très tendues avec ses créanciers, et de la menace d'un "Grexit" ces dernières semaines, la Grèce a finalement renoué avec la croissance au deuxième trimestre. Mais l'éclaircie pourrait être de courte durée...

Publié le 14/08/2015 à 14:42. Mis à jour le 14/08/2015 à 07:09.

Contre toute attente, la Grèce a renoué avec la croissance au deuxième trimestre, avec un PIB en hausse de 0,8% par rapport au premier, indique jeudi 13 août Elstat, l'agence nationale des statistiques, dans une première estimation. Ainsi, sur un an, la croissance du PIB s'établit à 1,4% par rapport au deuxième trimestre 2014.

La forte poussée du PIB au deuxième trimestre s'est appuyée sur de bonnes ventes de détail et sur le début solide de la saison touristique, a indiqué à l'AFP une des analystes d'Elstat.

Nikos Magginas, économiste de la Banque nationale de Grèce, a indiqué à l'agence Reuters que "certains indicateurs de l'activité économique du deuxième trimestre, la consommation, la production industrielle et le tourisme, ont particulièrement résisté", tout en ajoutant "cela explique cet étonnant chiffre du PIB du deuxième trimestre".

Si ces données sont inattendues en raison du contexte économique dans le pays, elles ne sont que provisoires puisqu'elles doivent être révisées lors d'une seconde estimation, dont les résultats seront publiés le 28 août. Car, à ce stade, les chiffres révélés ce jour ne tiennent pratiquement pas compte du mois de juin.

La Grèce échappe finalement à la récession au premier trimestre

L'institut a également revu à la hausse ses estimations sur les trimestres précédents. Ainsi, il calcule désormais que le premier trimestre a été stable par rapport au quatrième trimestre 2014, au lieu d'un recul de 0,2% annoncé précédemment, et que le PIB n'a reculé que de 0,2% au quatrième trimestre, contre 0,4% annoncé précédemment.

Le pays ne serait donc pas entré en récession au premier trimestre. Pour rappel,  la récession est caractérisée par deux trimestres successifs de recul du PIB.

A ce stade de l'année, la Grèce semble donc faire beaucoup mieux que le recul de 2,3% du PIB pour 2015 prédit mercredi à Bruxelles par des sources européennes.

Contrôle des capitaux, activité au ralenti

Cependant, cette éclaircie de l'économie grecque pourrait ne pas durer. Les estimations pour le deuxième trimestre seront très certainement révisées à la baisse fin août. Et, on peut déjà parier sur le fait que le troisième trimestre sera marqué par un très net recul du PIB, malgré une saison touristique florissante.

L'économie du pays est en effet très ralentie par le contrôle des capitaux en vigueur depuis le 28 juin, qui limite les retraits bancaires des comptes en banque grecs à 420 euros par semaine pour les particuliers, et empêche pratiquement les virements à l'étranger. Dans ce contexte, le pays est quasiment à l'arrêt, suspendu aux négociations entre le gouvernement Syriza d'Alexis Tsipras et les créanciers du pays (UE, BCE, FMI, Mécanisme européen de stabilité).

L'Allemagne va-t-elle bloquer le dernier "round" de l'accord ?

Cette nuit, les députés de la Vouli, le Parlement grec, doivent voter l'accord sur le troisième plan d'aide, obtenu mardi 11 août entre Athènes et ses créanciers , après de longues heures de discussions. Mais le marathon ne s'arrête pas là. Le texte doit également obtenir l'aval des ministres des Finances de la zone euro, lors d'un Eurogroupe vendredi 14 août. Ce qui pourrait s'avérer encore plus compliqué que prévu.

Berlin a déjà fait savoir qu'elle avait bien des "questions" à poser sur ce plan, laissant craindre de nouveaux délais qui ne manqueraient pas de peser encore sur l'économie du pays. Mais pour Athènes, qui attend ce troisième plan d'aide depuis sa capitulation le 13 juillet avec les créanciers, le temps est compté. Le 20 août, la Banque centrale européenne (BCE) attend un remboursement de 3,2 milliards d'euros.

23 milliards d'euros avant la fin du mois d'août

La Grèce recevra un premier versement de 23 milliards d'euros avant la fin du mois dans le cadre du nouveau plan d'aide, a dit à Reuters une source proche du dossier. Cette source ajoute, sous couvert d'anonymat, que le montant total du plan s'élève à 91,7 milliards d'euros en ajoutant aux 85,5 milliards d'euros d'aide proprement dite les 6,2 milliards de recettes de privatisations prévues d'ici 2018.