La Pologne demande à l'Allemagne des réparations de guerre d'une valeur de 1.300 milliards d'euros

Par latribune.fr  |   |  469  mots
En août 1944, pendant le soulèvement de Varsovie, plus de 85 % du centre historique de la ville a été détruit par les troupes nazies.
Le dirigeant du parti nationaliste au pouvoir en Pologne a déclaré jeudi que Varsovie estimait à 6.200 milliards de zlotys (1.315 milliards d'euros) le coût des dommages infligés au pays par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, et promis de demander officiellement des réparations. L'Allemagne a répondu que cette « question était close depuis longtemps ».

La Pologne ne lâche rien, même en ces temps difficiles où l'on attend surtout des pays de l'Union européenne qu'ils avancent unis. Jaroslaw Kaczynski, le chef du parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir, a déclaré qu'il allait demander à l'Allemagne la somme colossale de 6.200 milliards de zlotys (1.315 milliards d'euros), correspondant au coût estimé des dommages infligés au pays par l'Allemagne hitlérienne pendant la Seconde Guerre mondiale.

« C'est une somme importante. Le processus avant que la Pologne ne reçoive ces réparations sera long et difficile », a-t-il indiqué.

Cette pomme de discorde empoisonne depuis longtemps les relations entre la Pologne et l'Allemagne. Le PIS a régulièrement mis le sujet sur la table depuis son arrivée au pouvoir à Varsovie en 2015, notamment pour mobiliser sa base électorale, mais il n'a jamais franchi le pas d'une demande de réparations officielle. En 2019, un élu du parti nationaliste avait évoqué une somme de 850 milliards d'euros, largement dépassée par l'estimation fournie jeudi par Jaroslaw Kaczynski, qui a ajouté pendant une conférence de presse que ce chiffre, « calculé de la manière la plus conservatrice possible pourrait encore augmenter ».

La Pologne avait été durement touchée par les horreurs de la guerre, perdant six millions de citoyens, dont environ trois millions de Juifs polonais. Varsovie avait été quasiment totalement rasée après le soulèvement du ghetto juif de la capitale en 1944, pendant lequel 200.000 civils ont trouvé la mort. La capitale polonaise avait été ensuite reconstruite, à l'identique pour « la Vielle ville », le cœur de Varsovie.

L'affaire est close pour Berlin

La question des réparations est close depuis longtemps pour le gouvernement allemand qui a rejeté dans le passé de telles revendications, estimant que la Pologne avait renoncé officiellement en août 1953 à des demandes de réparations de la part de l'Allemagne. Mais, le parti conservateur au pouvoir en Pologne conteste la validité ce document, estimant qu'il a été signé sous la contrainte de l'Union soviétique.

En 2019, 80 ans après l'invasion, le président allemand Frank-Walter Steinmeier avait demandé pardon aux victimes de l'agression allemande, lors d'une cérémonie à Wielun, exactement à l'heure de l'explosion des premières bombes tombées en 1939 sur cette petite ville polonaise, première victime de la Seconde guerre mondiale.

Donald Tusk, chef du principal parti d'opposition polonais, Plateforme civique, a cependant estimé que la sortie de Jaroslaw Kaczynski n'avait rien à voir avec une quelconque demande de réparations, mais ne visait qu'à « ressouder les rangs derrière le parti au pouvoir », dont l'avance dans les sondages d'intention de vote s'est réduite ces derniers mois sur fond d'inflation galopante et de ralentissement économique.

L'Allemagne est aujourd'hui alliée de la Pologne au sein de l'Otan et de l'UE, et son premier partenaire économique.