Lampedusa : Ursula von der Leyen présente un plan pour aider l’Italie face à l’immigration illégale

Par latribune.fr  |   |  885  mots
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (à g.) est arrivé sur l'ile de Lampedusa en compagnie de Gorgia Meloni (à dr.), chef du gouvernement italien. (Crédits : Reuters)
Des milliers de migrants affluent sur l’île italienne de Lampedusa. Une vague migratoire qui relance les débats autour de la politique européenne concernant l’immigration irrégulière et le partage des responsabilités. La présidente de la Commission européenne en visite sur l’île de Lampedusa a présenté un plan en dix points pour aider l’Italie à faire face aux demandes d’asile des migrants.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a estimé, dimanche, que l'immigration irrégulière avait besoin d'une « réponse européenne » et a appelé les autres pays de l'Union européenne à accueillir une partie des migrants arrivés en Italie. « L'immigration irrégulière est un défi européen qui a besoin d'une réponse européenne », a-t-elle dit à la presse sur l'île italienne de Lampedusa sur laquelle elle est arrivé en compagnie de Giorgia Meloni, chef du gouvernement italien, après avoir gagné les élections en Italie largement sur la question de l'immigration clandestine.

Pour Giogia Meloni, « c'est l'avenir que l'Europe veut se donner qui est en jeu ici car l'avenir de l'Europe dépend de la capacité de l'Europe d'affronter de grands défis ».

Comme chaque année en cette période d'été, l'île de Lampedusa est confrontée à l'arrivée de dizaines de milliers de migrants, car cette route est considérée comme la plus sûre par les migrants pour rejoindre l'Europe. Depuis le début de l'année, près de 2.100 migrants auraient officiellement perdu la vie sur les routes migratoires en Méditerranée, soit un nombre déjà supérieur aux bilans sur douze mois des quatre dernières années.

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En Italie, principale porte d'entrée en Europe, le Haut Conseil des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a estimé à près de 91.000 migrants arrivés entre janvier et août, soit presque autant que les 105.000 enregistrés en 2022. Entre lundi et mercredi, environ 8.500 migrants sont arrivés à bord de 199 bateaux, selon les chiffres du HCR.

Cette nouvelle crise migratoire fait l'objet d'intenses échanges diplomatiques entre les différents pays européens, comme cette visioconférence samedi entre les ministres de l'intérieur français, italien et allemand. Le ministre français Gerald Damarin doit d'ailleurs se rendre en Italie dans les prochains jours pour « renforcer la coopération au niveau européen ».

Plan en dix points

La présidente de la Commission européenne a présenté un plan d'aide en dix points pour mieux gérer la situation de crise actuelle, notamment pour mieux répartir les migrants entre les différents pays européens, mais surtout pour prévenir de nouveaux afflux massifs de migrants en Italie. L'idée générale est de concilier la fermeté à l'encontre des passeurs et la simplification des voies légales d'entrée en Europe pour les candidats éligibles à l'asile politique.

Bruxelles entend ainsi renforcer l'assistance à l'Italie de l'Agence de l'Union européenne pour l'asile et l'agence de garde-côtes et de garde-frontières (Frontex) de l'Union européenne, afin de mieux assurer l'enregistrement des migrants (empreintes, entretiens). Frontex, dont l'action est souvent décriée par les ONG en aide aux migrants, a vocation à intensifier la surveillance des mers et « étudier les options pour étendre ses missions navales en Méditerranée ».

La commission veut également faciliter le transfert des personnes arrivées à Lampedusa - qui sont généralement conduites par bateaux en Sicile ou sur le continent - y compris vers d'autres pays européens. « Nous exhortons les autres Etats membres à utiliser le mécanisme de solidarité volontaire », a rappelé la présidente de la Commission européenne, sans mentionner l'Allemagne qui a récemment décidé de ne plus recevoir de migrants arrivés en Italie.

Renforcer le dialogue avec les pays d'émigration

Le plan prévoit également d'améliorer le dialogue avec les principaux pays d'émigration sur cette route en vue de la réadmission de leurs citoyens qui ne rempliraient pas les conditions d'asile, en particulier la Guinée, la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Burkina Faso. Des accords pourraient être trouvés avec les pays d'origine et de transit pour freiner le nombre de départs, notamment la Tunisie avec lequel l'Union européenne a signé en juillet un partenariat pour faire baisser le nombre de départs vers l'Europe.

Le versement de l'aide promise à Tunis pourrait être accéléré pour aider la Tunisie, en proie à de sérieuses difficultés économiques, à boucler son budget, alors même que le Fonds monétaire international (FMI) a conditionné son crédit de 1,9 milliard de dollars à l'adoption de réformes (que rejettent le président tunisien Kais Saied). Ce pays est en outre régulièrement dénoncé par les ONG pour les mauvais traitements qui seraient infligés aux migrants, notamment du racket et des viols.

Enfin, la commission souhaite « accroître les campagnes de sensibilisation et de communication pour dissuader les traversées de la Méditerranée », tout en « continuant à travailler pour offrir des alternatives comme l'admission humanitaire et les voies légales » d'immigration.

Ces propositions sont avancées alors que la question de l'immigration illégale sera sans doute au cœur de la campagne pour les élections européennes l'an prochain. En France, le gouvernement prépare une loi sur l'immigration qui devra trouver un compromis entre les besoins en main d'œuvre de l'économie française et le rejet de plus en plus manifeste des Français à l'égard de l'immigration.

(Avec AFP)