Brexit : manifestation à Londres pour un second référendum

Par latribune.fr  |   |  792  mots
(Crédits : Yves Herman)
Alors que les négociations sur le Brexit bloquent sur la question de la frontière irlandaise, des Britanniques venus de l'ensemble du Royaume-Uni manifestent pour réclamer un second référendum sur le Brexit, à 5 mois du retrait britannique de l'UE.

Plusieurs dizaines de milliers de Britanniques partisans du maintien du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne défilent ce samedi dans les rues de Londres pour réclamer un second référendum sur le Brexit, à cinq mois du retrait britannique de l'UE

L'un des organisateurs de cette marche qui s'annonce comme l'une des plus importantes à ce jour des "Remainers" a revendiqué le droit des Britanniques à changer d'avis car la sortie du Royaume-Uni de l'UE aura selon lui des conséquences pour plusieurs générations.

"Les gens pensent que les négociations sur le Brexit sont un chaos total, ils n'ont pas confiance dans le gouvernement pour qu'il tienne ses promesses, notamment parce qu'elles ne pourront pas être tenues", a-t-il déclaré.

Les initiateurs de la manifestation espéraient plus de 100.000 participants.

Lors du référendum de juin 2016, 52% des Britanniques ont voté en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'UE. Selon certains sondages, une courte majorité serait désormais favorable au maintien, mais les enquêtes d'opinion n'ont pas noté de basculement décisif de l'opinion, qui est de plus en plus lassée par la question.

Lors du dernier défilé de ce genre, en juin, environ 100.000 personnes s'étaient rassemblées et les organisateurs espèrent bien dépasser ce nombre, avec la manifestation "la plus grande" et la plus "bruyante" jamais organisée en faveur d'un tel scrutin.

Theresa May opposée à un deuxième référendum

Mais elle risque peu de convaincre la Première ministre Theresa May, fermement opposée à cette idée.

"Il n'y aura pas de second référendum. Les gens ont voté", le 23 juin 2016, en faveur de la sortie de l'UE, a déclaré la cheffe de gouvernement mercredi, déterminée à "mettre en oeuvre" le résultat de ce vote.

De leur côté, les organisateurs soulignent qu'à quelques mois du Brexit prévu le 29 mars 2019, les négociations entre Londres et Bruxelles bloquent toujours, en particulier sur la question de la frontière sur l'île d'Irlande et que l'incertitude demeure sur la façon dont le Royaume-Uni quittera l'UE.

"Les problèmes les plus importants restent à négocier, de nombreuses conséquences restent cachées", estime Carmen Smith, partisane du mouvement For our Future (Pour notre futur), citée dans un communiqué. "Le temps presse. C'est un sujet urgent. "L'élite du Brexit" a montré qu'elle était incapable de résoudre le problème. Mais vous, vous pouvez, en demandant un vote du peuple".

L'idée d'un nouveau référendum a gagné en popularité ces derniers mois au Royaume-Uni et des personnalités politiques de tous bords la soutiennent, comme l'ancien Premier ministre travailliste Tony Blair. Parmi les orateurs attendus samedi dans le centre de Londres figurent le maire travailliste de Londres, Sadiq Khan, ainsi que des députés des partis conservateur, travailliste, libéral-démocrate, vert, et du SNP (parti indépendantiste écossais).

Blocage sur la question irlandaise

Vendredi, alors qu'elle s'entretenait avec plus de 130 chefs d'entreprise pour faire le point sur les négociations avec l'UE à la suite du sommet de cette semaines, Theresa May a assuré que des "progrès importants" avaient été réalisés avec l'UE en vue d'obtenir un accord sur le Brexit qui permettra une "relation commerciale harmonieuse avec l'UE".

Les négociations entre Londres et Bruxelles bloquent en particulier sur la question de l'Irlande, les deux parties n'arrivant pas à se mettre d'accord sur une solution pour éviter le rétablissement d'une frontière physique dure entre la province britannique d'Irlande du Nord et la république d'Irlande qui restera dans l'UE après le Brexit.

La Première ministre a déclaré aux entreprises que Londres comme Bruxelles souhaitaient que leur future relation soit en place "d'ici la fin décembre 2020", à l'issue de la période de transition qui suivra le Brexit, afin que le "filet de sécurité" ("backstop") destiné à trouver une solution pour l'Irlande ne soit pas utilisé.

De son côté, Michel Barnier, négociateur en chef de l'Union européenne sur le départ du Royaume-Uni a déclaré vendredi que "les Européens sont à 90% d'accord avec les Britanniques sur un accord de sortie qui reste cependant incertain en raison notamment de la question de la frontière irlandaise,

"Ma conviction est qu'il faut un accord. Je ne suis pas encore sûr que nous l'obtiendrons. Il est difficile, mais possible", a-t-il assuré sur France Inter,

Theresa May a exhorté les chefs d'entreprises "à ne pas perdre de vue la récompense" du Brexit: "une relation commerciale harmonieuse avec l'UE et la possibilité de rechercher de nouvelles opportunités et d'ouvrir de nouveaux marchés avec des partenaires commerciaux du monde entier".