Paris et Berlin relancent l'idée d'une « union des marchés des capitaux »

Par latribune.fr  |   |  651  mots
Pour les patrons des banques centrales allemande et française, « nous diviser, ce serait nous condamner. » (Crédits : Pawel Kopczynski)
Le gouverneur de la Banque de France et le président de la Bundesbank lancent un appel à « une véritable union des marchés de capitaux » en Europe, dans une tribune publiée ce lundi. Ils appellent le couple franco-allemand à ne pas se diviser.

Lancer, enfin, en Europe, l'union des marchés des capitaux (UMC). C'est le vœu formulé par François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France et Joachim Nagel, président de la Bundesbank, dans une tribune publiée sur les sites internet des quotidiens économiques français et allemand Les Echos et Handelsblatt, afin de ne pas tomber dans le piège de la division. Serpent de mer depuis 2014, l'UMC est un projet de marché unique européen des capitaux destiné à favoriser leur circulation entre les pays membres pour financer plus largement les entreprises et tout particulièrement les start-up et les PME.

Dans cette tribune, le gouverneur de la Banque de France et le président de la Bundesbank demandent à leur pays respectif de ne pas tomber dans le piège de la division. « L'Europe est au cœur de la crise : celle de la guerre russe en Ukraine, de l'énergie, de l'inflation.» « Notre unité en devient plus difficile, mais encore plus indispensable. Et ce qui vaut pour toute l'Europe vaut d'abord et surtout pour le couple franco-allemand : nous diviser, ce serait nous condamner », écrivent-ils.

Concurrencer les autres régions du monde

Selon le site du Conseil de l'Union européenne, l'union des marchés des capitaux (UMC) vise à créer un véritable marché unique des capitaux dans l'ensemble de l'Union européenne. Son objectif est de faire circuler les investissements et l'épargne entre tous les États membres dans l'intérêt des citoyens, des entreprises et des investisseurs. Pour le Conseil de l'Union, seul un marché européen des capitaux qui fonctionne bien peut fournir l'ensemble des fonds nécessaires pour sortir de la crise sanitaire et opérer les transitions numérique et climatique.

« Les événements tels que le Brexit, la pandémie ou, plus récemment, la guerre menée par la Russie en Ukraine ont hélas retardé les efforts déployés dans ce domaine », soulignent François Villeroy de Galhau et Joachim Nagel. « Nous devons au contraire, plus que jamais, accélérer la transition énergétique et nous avons par conséquent besoin des ressources financières fournies par une UMC verte. »

Aider les startups à trouver des financements

Ils estiment que « l'UMC peut constituer un atout dans une stratégie conjointe européenne visant à concurrencer les autres régions du monde », avant de rappeler que « pour stimuler la croissance, tout en assurant les transformations verte et numérique, nous devons renforcer notre attractivité pour les investisseurs tant domestiques qu'étrangers ».

Concrètement, cela signifie « l'établissement d'un point d'accès unique européen (European single access point, ESAP) comme plateforme d'information pour les investisseurs internationaux ». L'UMC devrait aussi offrir « une opportunité d'améliorer significativement la situation financière » des « jeunes pousses ». « S'agissant de l'accès aux marchés de capitaux, les petites et moyennes entreprises (PME), en particulier, doivent effectuer un rattrapage ».

Des relations qui se tendent entre l'Allemagne et la France

Cette tribune commune intervient alors que les relations entre la France et l'Allemagne sont tendues. L'Allemagne d'Olaf Scholz est accusée par Emmanuel Macron de faire cavalier seul depuis le début de la guerre en Ukraine. Berlin a ainsi décidé unilatéralement d'un plan d'aide de 200 milliards d'euros aux particuliers et aux entreprises face à l'envolée des prix suite à la crise énergétique et du gaz.

Autre dossier qui fâche : celui de la « défense européenne ». Sans aucune concertation là-encore, l'Allemagne avait décidé quelques jours après le début de la guerre en Ukraine de se réarmer d'une manière conséquence avec 100 milliards d'euros mis sur la table pour se constituer enfin une armée digne de ce nom, avec comme objectif de mettre en place, rien de moins, « la force la mieux équipée d'Europe », après des années de sous-investissement.

(Avec AFP)