Pêche : Michel Barnier fustige l'attitude des Britanniques, accusés de renier l'accord post-Brexit

Par latribune.fr  |   |  588  mots
Des bateaux français manifestent à Jersey, en mai dernier. (Crédits : Social Media)
Pour l'ancien négociateur du Brexit pour l'UE, "les Britanniques essayent de reprendre maintenant une partie du compromis" conclu entre Londres et Bruxelles. L'accord doit permettre aux pêcheurs français de poursuivre leur activité dans les eaux de la Couronne mais les permis de pêche tardent a être délivrés, accentuant les tensions entre les flottes. Ce dossier maritime était l'un des plus sensibles de la négociation.

"Flibusterie politique". Ce n'est pas le célèbre capitaine Haddock, spécialiste des jurons maritimes et compagnon de Tintin qui tient ce propos, mais un personnage politique réel de tout premier rang : Michel Barnier. L'ancien négociateur du Brexit pour l'UE a utilisé cette rhétorique popularisée par l'auteur Hergé pour fustiger l'attitude des Britanniques, accusés de ne pas appliquer le compromis sur la pêche. Celui-ci avait été signé lors de la sortie de l'Union Européenne du Royaume-Uni dans le cadre du régime de transition, en vigueur depuis le 1er janvier.

Mais le deal, renforcé en juin par un nouvel accord temporaire de trois mois sur les eaux de Jersey, est toujours sources de tensions : les flottes européennes devront renoncer à 25% de leurs captures dans les eaux britanniques à l'issue d'une période de transition courant jusqu'en juin 2026. Surtout, les pêcheurs européens doivent obtenir de Londres des licences pour pêcher dans les eaux britanniques. Le gouvernement de Boris Johnson tarde à distribuer les autorisations promises alors que les prises des pêcheurs de l'UE dans leur espace maritime représentent 650 millions d'euros chaque année.

Des problèmes sérieux à venir

Lors d'un déplacement à Boulogne-sur-Mer ce vendredi, Michel Barnier a estimé que "les Britanniques essayent de reprendre maintenant une partie du compromis qu'ils ont conclu avec nous, ce n'est pas acceptable", selon un journaliste de l'AFP.  "Ils refusent de donner des licences à des bateaux qui ont le droit de pêcher aux termes de notre accord", a-t-il ajouté, voyant une "forme de flibusterie politique dans cette attitude".

"Si les licences ne sont pas données, cela peut créer un problème bilatéral très sérieux entre la France et le Royaume-Uni et aussi entre l'Union européenne et le Royaume-Uni", a-t-il averti.

Sujet explosif tout au long des négociations sur les conditions de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, l'accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques continue de provoquer des frictions. Entre les bateaux français et ceux de la Couronne, mais également entre les navires tricolores et ceux hollandais.

Pression de Bruxelles

En effet, le non-respect des engagements britanniques surchargent les zones de pêches communautaires de la Manche, de plus en plus occupées par les pêcheurs venus des Pays-Bas. Des professionnels de Boulogne-sur-Mer, premier port de pêche français et premier centre européen de transformation des produits de la mer, dénoncent ainsi depuis des mois "l'invasion de la flotte industrielle néerlandaise", qu'ils accusent de surexploiter les ressources de la Manche. Une situation qu'ils dénoncent depuis 10 ans mais aggravée selon eux par le Brexit.

"Le fait qu'on pêche moins dans les eaux britanniques provoque une redistribution des capacités de pêche", a souligné M. Barnier, interrogé sur les tensions entre pêcheurs français et néerlandais. "Les autorités françaises doivent soumettre cette question à Bruxelles, dans le cadre de la politique commune des pêches", a-t-il estimé.

Ces derniers mois, les accrochages se sont multipliés entre les flottes françaises et britanniques. Début mai, des dizaines de bateaux de pêcheurs normands et bretons s'étaient massés dans le port de Saint-Hélier à Jersey pour manifester leur mécontentement et défendre leur droit de continuer à pêcher dans les eaux de Jersey, provoquant l'envoi par Londres de deux patrouilleurs avant que la situation ne rentre dans l'ordre dans la journée.

(avec AFP)