UE : vers un plan de sauvetage, sans "coronabonds"

Par latribune.fr avec agences  |   |  638  mots
(Crédits : Reuters)
Les pays de l'UE semblaient proches de s'entendre sur de premières mesures économiques communes face au coronavirus, selon des sources européennes lundi, mais pas au niveau d'ambition réclamé par l'Italie, l'Espagne ou la France.

Si les ministres européens des Finances donnent leur aval lors d'une visioconférence mardi, cette première réponse européenne devrait se dessiner sur trois axes: des prêts du fonds de secours de la zone euro, un fonds de garantie pour les entreprises et un soutien au chômage partiel. "Face à cette épreuve, nous devons répondre avec les plus grands instruments. Nous devons éviter de refaire les erreurs de 2009 comme l'absence de coordination et nous devons faire preuve de solidarité. C'est l'avenir de la zone euro et celui du projet européen qui sont sur la table. Il faut un paquet ambitieux, global et aussi des perspectives de plus long terme. Nous avons pris la mesure de la crise que nous traversons. Il ne faut pas donner que des réponses immédiates mais aussi des réponses de long terme"  a expliqué lundi en fin d'après-midi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire à quelques journalistes. La pandémie a mis un coup d'arrêt à des pans entiers de l'économie européenne. Face à la récession, la réponse européenne pourrait une nouvelle fois mettre en avant le morcellement des Etats sur le Vieux continent.

Un fonds de relance

L'idée d'un "fonds de relance" capable d'émettre de la dette commune aux Etats membres, tel que proposé par la France, continue, en revanche, de diviser les 27. Le ministre français des Finances  juge pourtant indispensable que cette "option" soit "mentionnée" mardi dans les conclusions de la réunion. "Nous devons disposer d'un instrument plus puissant pour faire face aux conséquences de plus long terme", a-t-il insisté lundi.

Son idée: un fonds temporaire de plusieurs centaines de milliards d'euros ("3% du PIB européen") pour financer les services publics essentiels (santé), les filières menacées (transport, tourisme...) et les nouvelles technologies.

La France, avec l'Italie, l'Espagne et d'autres pays de la zone euro, avait déjà souhaité la création d'un "instrument" permettant aux 19 pays ayant adopté la monnaie unique de contracter des emprunts communs, sous la forme de "coronabonds".

Rejet de l'Allemagne et des Pays-Bas

Mais l'Allemagne et les Pays-Bas ont fermement rejeté ce dispositif  lors d'un sommet européen "virtuel" le 26 mars. Ces deux pays et d'autres du nord de l'Europe, dont la dette est jugée plus sûre, refusent toute mutualisation du risque avec des pays très endettés comme l'Italie ou l'Espagne.

Les propositions des ministres seront soumises aux chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE. La première consiste à utiliser une partie des 410 milliards de fonds du Mécanisme européen de stabilité (MES), créé en 2012 lors de la crise de la dette de la zone euro.

Le MES pourrait octroyer des prêts à un Etat en difficulté allant jusqu'à 2% de son PIB, avec des contreparties limitées. "Nous ne pouvons pas dire en ce moment à un pays touché par une crise aussi terrible: OK, maintenant vous devez vous soumettre à un programme de surveillance+ (...) C'est évidemment, politiquement, totalement impossible", a affirmé lundi le commissaire européen à l'Economie, Paolo Gentiloni

La Banque européenne d'investissement (BEI), l'institution financière des Etats membres, devrait par ailleurs être mise à contribution pour créer un fonds de garantie paneuropéen, dont le montant doit encore être débattu.

Les ministres devraient, enfin, valider le plan de la Commission européenne en vue de créer un instrument pour garantir jusqu'à 100 milliards d'euros les plans nationaux de chômage partiel, renforcés ou lancés en raison de l'épidémie. "Ces instruments ne suffiront pas. Le retour à la normale ne se fera que progressivement. Il faut que tous les Etats puissent repartir à la même vitesse. La zone euro ne survivrait pas à des disparités au moment de la reprise" a affirmé Bruno Le Maire.