Nicolas Dufourcq : "Sans Bpifrance, il n’y aurait ni capital-risque ni amorçage"

Par Christine Lejoux  |   |  540  mots
En 2012, Bpifrance – la Banque publique d’investissement –, dirigée par Nicolas Dufourcq a injecté 1,3 milliard d’euros dans 881 PME françaises. REUTERS.
Sur les 1.548 PME financées par le capital-investissement en 2012, pas moins de 57% l’ont été par Bpifrance. Une proportion qui s’élève à 95% dans le capital-risque et à 99% dans l’amorçage, selon le directeur général de Bpifrance.

Les fonds publics prennent une part croissante dans le "private equity" (capital-investissement) français. L'an dernier, Bpifrance - la Banque publique d'investissement - a injecté 1,3 milliard d'euros dans 881 PME françaises, via les fonds d'investissement privés qu'elle finance ou par l'intermédiaire de ceux qu'elle gère elle-même. Des chiffres qui constituent "des records", s'est enorgueilli Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, ce mercredi.

Résultat, sur les 1.548 PME financées par le capital-investissement en 2012, pas moins de 57% l'ont été par Bpifrance. Une proportion qui s'élève "à 95% dans le capital-risque et à 99% dans l'amorçage [financement des dépenses préalables à la création d'une société ; Ndlr]", a précisé Nicolas Dufourcq. Et d'enfoncer le clou : "Sans Bpifrance, il n'y aurait ni capital-risque ni amorçage, en France."

 Bpifrance "comble des failles de marché"

De fait, depuis plusieurs années, les fonds privés de capital-risque n'ont plus les moyens de leurs ambitions. D'abord parce que leurs principaux pourvoyeurs de capitaux - les banques et les assureurs - diminuent leurs allocations de ressources, les futures règlementations de Bâle III et de Solvabilité II exigeant des établissements de crédit et des compagnies d'assurance davantage de fonds propres en face des engagements jugés particulièrement risqués, comme le... capital-risque. Ensuite, les coups de rabot aux niches fiscales dont bénéficiaient les FIP (fonds d'investissement de proximité) et les FCPI (fonds commun de placement dans l'innovation) ont réduit les apports des particuliers au capital-risque.

 Et puis, si le "venture capital" est délaissé par les financeurs privés, c'est également parce que son rendement n'est pas miraculeux.

"Dans l'amorçage, on perd de l'argent, donc c'est forcément l'argent public qui prendra le pas sur les autres sources de financement. Même chose dans le capital-risque, où les investissements sont au mieux remboursés, les culbutes financières comme celle réalisée par les investisseurs de la start-up Criteo étant exceptionnelles",

analyse Nicolas Dufourcq. Le patron de Bpifrance estime ainsi que l'établissement qu'il dirige "comble des failles de marché, et le juge  "très complémentaire" d'autres segments du capital-investissement, comme celui du LBO (Leverage Buy-Out : acquisition par endettement) qui, lui, génère des taux de retour sur investissement de 15% à 20%.

 Les fonds partenaires de Bpifrance ont levé 2,2 milliards d'euros en 2012

Il faut dire aussi que si les fonds privés de capital-risque sont à sec, ce n'est pas le cas de ceux financés ou gérés en direct par Bpifrance. L'an dernier, ils ont levé 2,2 milliards d'euros auprès d'investisseurs institutionnels. Une somme qui ne représente pas moins de 44% des 5 milliards d'euros de capitaux levés par l'ensemble du capital-investissement français, en 2012. Ce montant  correspond à une hausse de 65% par rapport à 2011, alors que les 5 milliards récoltés par la totalité du private equity français représentent une chute de 22% par rapport à l'année précédente.

"Notre action a un effet démultiplicateur. Pour 1 euro apporté par Bpifrance dans ses fonds partenaires, ce sont 4,4 euros qui le sont par des souscripteurs privés", explique la Banque publique d'investissement. C'est ce qu'on appelle aussi "l'effet d'entraînement" des fonds publics. Autrement dit, leur effet rassurant.