Accord Belgique-BNP Paribas sur le rachat de Fortis, la facture se monte à 10,4 milliards d'euros

Par latribune.fr  |   |  709  mots
Le gouvernement belge et la banque française sont parvenus à un accord samedi sur le rachat d'une partie des actifs de Fortis. Dimanche soir, BNP Paribas a précisé que le montant de l'opération devrait atteindre 10,4 milliards d'euros, avec un impact positif sur ses comptes dès 2010.

D'après l'accord conclu avec les autorités belges au début du week-end, BNP Paribas devrait racheter 75% de Fortis, la banque française ayant obtenu des garanties supplémentaires de l'Etat belge. Les actionnaires doivent valider le projet lors d'une assemblée générale des 8 et9 avril prochain, mais certains de leurs représentants le critiquent toujours. (Retrouvez le nouvel accord dans le communiqué de BNP Paribas).

D'après Baudouin Prot, le directeur général de la banque française, le rachat par BNP Paribas de la banque belge Fortis « se présente vraiment très bien ». Il doit permettre au groupe français, déjà numéro trois de la banque dans l'Union européenne, de devenir numéro un du secteur dans la zone euro, avec 540 milliards de dépôts.

Le rachat d'une partie des actifs de Fortis devrait coûter au total 10,4 milliards d'euros à BNP Paribas. Tout d'abord, la banque va prendre le contrôle de 75% de Fortis Banque pour 8,3 milliards d'euros, une opération tout en titre. La banque de la rue d'Antin va également racheter 25% de Fortis Assurance Belgique pour 1,375 milliard d'euros en numéraire, un compromis entre les 100% annoncés en octobre et les 10% prévus fin janvier. Enfin, l'accord conclu avec Bruxelles comprend l'acquisition de Fortis Luxembourg pour environ 800 millions d'euros.

Le nouveau groupe combiné revendiquera 660 milliards d'euros d'actifs sous gestion, quatre marchés domestiques dans la banque de détail et un ratio de crédits sur dépôts de 120%, d'après un communiqué de BNP Paribas publié dimanche en fin de journée.

Mais l'opération, pour être finalisée, doit être approuvée par les actionnaires de Fortis, qui avaient rejeté un premier plan de rachat il y a quelques semaines à une courte majorité. Cependant, Baudouin Prot, le directeur générale de BNP Paribas, se montre plutôt optimiste. Il a expliqué qu'une nouvelle "assemblée générale devrait se tenir le 8 et 9 avril" mais qu'à la différence de la précédente, "tous les actionnaires pourraient voter". Le 11 février, "seuls les actionnaires historiques" le pouvaient, soit 22% du corps électoral, a-t-il rappelé.

Nouvelles garanties de l'Etat belge

Fortis Banque a été nationalisée à 100% par l'Etat belge début octobre. Avec cette opération, Bruxelles devient donc le premier actionnaire du groupe français. BNP Paribas a obtenu des garanties supplémentaires si la situation de Fortis Banque se dégrade, un risque d'autant plus réel que la société vient de relever d'un bon milliard d'euros l'évaluation de sa perte nette pour le quatrième trimestre 2008, soit 6 milliards au total.

Fortis Banque supportera elle-même les premières pertes éventuelles sur ses actifs à risque, à concurrence de 3,5 milliards d'euros, mais l'Etat belge garantira les 1,5 milliard d'euros suivants. L'Etat belge est prêt à renflouer la banque si besoin dans les trois ans, pour au maximum 2 milliards d'euros, ce qui pourrait faire repasser sa participation au-dessus de 25%.

BNP Paribas de son côté a donné des assurances écrites sur les emplois et le maintien "d'un ou plusieurs centres de compétence européens ou mondiaux" en Belgique, selon un communiqué du gouvernement belge. Toutefois, "un certain nombre d'ajustements seront nécessaires", a reconnu à Bruxelles le directeur général de la banque française, Baudouin Prot. Pour tenter de rassurer les petits actionnaires, l'accord révisé réduit enfin la part des actifs à risque restant à la charge de Fortis Holding.

Le feuilleton du rachat de la banque belge, frappée durement par la crise, dure depuis cinq mois et a même conduit à la démission d'un Premier ministre belge, soupçonné de pressions sur la justice pour qu'elle valide un précédent plan de sauvetage. Un premier accord avait été conclu entre la banque et l'Etat mais les actionnaires de la holding l'avaient remis en cause, obligeant à revoir la copie. Les actionnaires sont d'ailleurs toujours aussi critiques envers le nouveau projet. L'un de leurs principaux représentants, l'avocat Modrikamen, l'a rejeté, estimant qu'il ne voyait "absolument rien de favorable pour les actionnaires". De multiples recours judiciaires ont été déposés. Et les actionnaires de Fortis holding vont devoir à nouveau voter sur l'accord révisé dans les prochaines semaines.