François Pérol s'explique sur sa nomination à la tête de Caisse d'Epargne-Banque Populaire

Par latribune.fr  |   |  588  mots
L'ancien conseiller du président Sarkozy a récusé devant les députés les accusations de conflit d'intérêt pesant sur lui dans le dossier de la fusion entre Banque Populaire et Caisse d'Epargne, dont il est désormais le principal dirigeant.

Devant les députés, François Pérol a récusé les accusations de conflit d'intérêt. "La fusion est un projet qui est venu des entreprises. Ce n'est pas un projet que j'ai imaginé, que j'ai conçu, que j'ai conduit", a-t-il affirmé. "Je n'étais pas en charge de l'ensemble des affaires économiques et financières de ce pays (...): mon rôle était de conseiller le président" Sarkozy, a-t-il ajouté. "Je sais que ce n'est pas l'image que vous en avez", a-t-il lancé aux députés. Au sujet de la fusion, il a assuré qu'il s'était contenté de "donner son opinion au président de la République" et qu'il avait "tâché de l'éclairer au mieux sur cette affaire". "Oui, j'ai donné mon avis au président, mais cela ne veut pas dire que je suis en situation de prise illégale d'intérêt", a-t-il dit.

L'ancien conseiller économique du président Sarkozy et ex-secrétaire général adjoint de l'Elysée,François Pérol a indiqué qu'il n'avait pas saisi la commission en raison de "l'urgence de la situation", Natixis, la filiale commune des deux banques, faisant courir, selon lui, au secteur bancaire un "risque de nature systémique". Or la commission ne pouvait se prononcer avant le 11 mars, a-t-il fait valoir. "J'ai décidé que, compte tenu des fonctions que j'avais occupées, de la manière dont je m'étais occupé de cette affaire, des textes, de la situation des deux groupes, de l'urgence qu'il y avait à désigner un homme neutre, je pouvais ne pas saisir cette commission", a-t-il plaidé. Au sujet de ses fonctions passées de banquier chez Rothschild, qui l'avaient amené à conseiller le groupe Banque Populaire lors de la création de Natixis en 2006, François Pérol a déclaré: "j'ai servi l'Etat loyalement pendant quinze ans. Oui, j'ai travaillé à la banque Rothschild. Je n'en ai pas honte. Cela ne fait pas de moi l'homme de Rothschild".

 En tant que conseiller économique à l'Elysée, François Pérol a en effet pris part aux négociations sur cette fusion bancaire. Or une loi de 2007 interdit à tout fonctionnaire de travailler pour une entreprise qu'il a surveillée, avec laquelle il a conclu un contrat ou qu'il a conseillée, dans les trois ans précédant son départ.  Dans le doute, il doit saisir la commission de déontologie, ne serait-ce que pour se mettre à l'abri d'une éventuelle poursuite pénale. Une plainte a d'ailleurs été déposée contre François Pérol par une association anti-corruption pour "prise illégale d'intérêt", un délit passible de cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende. Une deuxième série de questions portera sur la situation du futur groupe, ses relations avec l'Etat, les motivations de la fusion, ses conséquences éventuelles sur l'emploi, etc....Alors que sa nomination reste contestée, sur le terrain politique et désormais judiciaire,  François Pérol est déjà à pied d'oeuvre depuis le 2 mars. Il a été nommé le 25 et 26 février à la tête de chacune des deux banques, en attendant de prendre la tête du nouveau groupe fusionné d'ici cet été. François Pérol a été conforté par le feu vert délivré jeudi par le Comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement (Cecei, organe de contrôle des banques, lié à la Banque de France) à sa nomination, une étape formelle quoique indispensable.