Jérôme Kerviel contre-attaque et accuse avant son procès

Par latribune.fr  |   |  389  mots
Alors qu'il attend d'être jugé en juin, l'ancien trader de la Société Générale n'en démord pas : ses supérieurs étaient au courant de ses agissements. Il n'entend pas payer pour les autres et compte faire de son procès celui d'un "système financier devenu fou".

Jérome Kerviel persiste et signe. Alors que le procès de l'ancien trader de la Société Générale doit s'ouvrir le 8 juin, celui qui est accusé d'avoir fait perdre 5 milliards d'euros à la banque rouge et noire publie un livre intitulé "L'Engrenage - Mémoires d'un trader" (Flammarion) dans lequel il réaffirme que la banque était au courant de ses agissements.

Dans un entretien au 20 heures de France 2 dimanche soir, Jérôme Kerviel explique que son livre permet d'apporter des éléments qui prouvent que ses supérieurs connaissaient ses prises de position risquées. "Tout était contrôlé", affirme-t-il.

Pis, la banque aurait même profité de son affaire pour masquer des pertes sur les crédits "subprime", ces fameux crédits immobiliers américains à risque responsables de la crise financière.

L'ancien trader, qui reconnaît avoir gagné jusqu'à 100.000 euros brut bonus compris et travaille désormais dans une petite société informatique, cherche aussi à expliquer dans son livre "comment ça se passe dans les salles de marché".

Appel à témoins

Alors, victime d'un système ou coupable ? Jérôme Kerviel reconnaît sa part de responsabilité. "Je vivais à 100% pour mon métier", a-t-il indiqué sur France 2, ajoutant : "je prends ma part de responsabilité, mais j'attends que mes supérieurs fassent de même".

L'ancien trader se dit "confiant" et "serein" avant son procès où il sera jugé pour "abus de confiance", "faux et usage de faux" et "intrusion dans un système de traitement automatisé de données informatiques".

Dans un entretien au Journal du Dimanche, Jérôme Kerviel a également appelé ses anciens collègues, "qui n'ont pas dit ce qu'[ils] savaient", à "témoigner". "Beaucoup de pistes n'ont pas été explorées au cours de l'instruction, beaucoup de questions sont restées en suspens et de nombreuses personnes n'ont pas dit ce qu'elles savaient, des collègues notamment", affirme-t-il.

"Je lance aujourd'hui un appel aux bonnes volontés, parce que je croise énormément de gens, des milieux financiers ou universitaires, qui m'assurent de leur soutien mais refusent de témoigner, parce qu'ils ont peur de représailles ou de perdre leur emploi", ajoute-t-il, estimant que ces personnes "ne peuvent pas dire ouvertement que ce que la Société Générale raconte ne tient pas debout".