Wall Street doit tailler dans ses effectifs à la machette

Par Eric Chalmet  |   |  390  mots
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C'est le diagnostic de Mike Mayo, analyste bancaire chez Crédit Agricole Securities aux Etats-Unis, réputé et redouté depuis la crise des crédits "subprime".

Mike Mayo fait à nouveau parler de lui. Trois ans après la faillite de Lehman Brothers, un des analystes bancaires les plus réputés aux Etats-Unis - mais aussi l'un des plus craints - a livré son diagnostique sur les grandes banques américaines. En termes de suppression d'effectifs, ces établissements " emploient un canif alors que ce dont ils ont vraiment besoin, c'est d'une machette", a déclaré ce mardi Mayo, un "ex" de Deutsche Bank ayant rejoint en 2009 Credit Agricole Securities aux Etats-Unis, maison de courtage affiliée à CLSA.

Wall Street n'a retenu aucune leçon

"Je n'affirme pas qu'il faille employer la machette d'un seul coup, mais que les mesures (en termes d'effectifs) devraient être plus drastiques", a pondéré le bon docteur Mayo, lors de la conférence annuelle qu'organise CLSA pour les investisseurs à Hong Kong. Pendant la crise des crédits "subprime" Mayo faisait parti, avec Dick Bove et Meredith Whitney, du trio d'analystes ayant dénoncé avec le plus de virulence les dérives des banques américaines. Son verdict est sans appel : Wall Street n'a retenu aucune leçon.

Toujours des objectifs à court terme

Aux Etats-Unis, Bank of America a annoncé voilà peu son intention de licencier 30.000 personnes afin d'économiser 5 milliards de dollars. Pour Mike Mayo, le fait que les banques américaines commencent à réduire leurs effectifs après les avoir augmentés en 2010 (alors qu'elles les avaient rabotés en 2008 et 2009 !) ne prouve qu'une chose : cette industrie se contente de fonctionner avec des objectifs de performance à court terme (lire la récente analyse de Dealbook sur la réduction des bénéfices et des effectifs à Wall Street).

'Scandaleux et honteux"

"Rien n'a changé au cours des trois années qui nous séparent de la crise", a déploré Mayo, selon des propos rapportés par l'agence Reuters. "C'est scandaleux et honteux", a-t-il regretté lors de la conférence, doutant en outre de l'impartialité des agences de notation et des cabinets comptables, payées par leurs clientes, les banques. Après le conflit qui l'a notamment opposé à Citigroup, l'analyste semble bel et bien déterminé à reprendre les gants. (Retrouvez le style très direct de Mike Mayo et des extraits de sa décapante analyse sur Citigroup, « Une question de confiance » qui avait fait grand bruit à Wall Street en 2010).