Les banques européennes pourraient avoir besoin de plus de 100 milliards d'euros d'argent frais

Par latribune.fr et Reuters  |   |  681  mots
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Les banques européennes pourraient avoir besoin de plus de 100 milliards d'euros d'argent frais pour affronter la crise de la dette souveraine, a estimé samedi l'Irlande, à la veille d'une rencontre entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel qui devrait être largement consacrée à la recapitalisation du secteur. Illustration de l'urgence du dossier: Paris et Bruxelles poursuivaient samedi les discussions en vue d'un démantèlement ordonné du groupe franco-belge Dexia, première banque européenne victime de la crise de la dette.

 

L'Allemagne et la France ont jusqu'à présent tenu des discours divergents sur le meilleur moyen de renforcer des banques affaiblies par la dévalorisation de leurs avoirs en dettes souveraines des pays "périphériques" de la zone euro et par les turbulences récentes sur les marchés financiers.

Paris préférerait avoir recours au Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour recapitaliser ses propres banques, tandis que Berlin insiste pour réserver cet instrument à des actions de dernier ressort, comme le soutien à la Grèce.

Le Fonds monétaire international (FMI), de son côté, estime que les besoins de capitaux des banques pourraient atteindre 200 milliards d'euros, l'équivalent de la moitié des ressources du FESF.

Le ministre irlandais des Finances, Michael Noonan, a estimé samedi que les capitaux nécessaires pour renforcer les bilans des banques pourrait provenir de différentes sources mais que la facture globale serait de toute façon lourde.

"Je crois que tout le monde convient que cela dépassera nettement 100 milliards (d'euros)", a-t-il dit à des journalistes en marge d'une conférence économique à Dublin.

"Je sais que certaines des grandes banques allemandes avec lesquelles j'ai moi-même discuté ont l'intention de lever de l'argent sur le marché, donc il s'agira d'un financement privé. D'autres banques aimeraient disposer de fonds du FESF. D'autres dépendront de leur gouvernement pour disposer des capitaux; il y aura donc diverses manières d'y parvenir", a-t-il ajouté.

CHACUN POSE SES CONDITIONS

Certains responsables estiment que forcer nombre de grands établissements financiers à accepter des aides publiques ne serait pas faire le meilleur usage des ressources européennes. Les banques, elles, craignent de voir cette stratégie stigmatiser certaines d'entre elles et attiser les tensions sur les marchés.

Le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) a rapporté samedi, en citant des sources financières, que les cinq premières banques françaises seraient prêtes à recevoir 10 à 15 milliards d'euros investis par l'Etat français à condition que Deutsche Bank, numéro un en Allemagne, augmente elle aussi son capital.

Le président du directoire de Deutsche Bank, Josef Ackermann, s'oppose à toute entrée de l'Etat au capital de son groupe et il a exclu une augmentation de capital.

Un porte-parole de Deutsche Bank a rappelé samedi cette double position de principe et s'est refusé à tout autre commentaire.

Nicolas Sarkozy, qui a reçu samedi la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, doit arriver à Berlin en milieu d'après-midi dimanche pour une réunion et un dîner de travail avec la chancelière Angela Merkel.

Leurs discussions seront consacrées à la préparation du sommet du G20 à Cannes début novembre et à celle du conseil européen et du sommet de la zone euro prévus les 17 et 18 octobre, alors que les Dix-Sept peinent toujours à mettre en oeuvre les nouveaux mécanismes censés permettre de résoudre la crise de la dette.

En Slovaquie en effet, les différents partis de la coalition au pouvoir restaient samedi en désaccord sur la ratification de l'accord européen du 21 juillet qui prévoit le renforcement du FESF, l'un des petits partis posant des conditions à son soutien.

La Slovaquie et Malte sont les deux derniers pays de la zone euro à ne pas avoir ratifié l'accord de juillet, que certains dirigeants de la région jugent déjà dépassé.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a ainsi reconnu dans un entretien au FAZ que l'Europe avait peut-être sous-estimé les moyens nécessaires pour réduire le fardeau sous lequel s'enfonce la Grèce.

"Le risque est élevé de voir cette crise connaître une nouvelle escalade et se propager", a-t-il ajouté.

Un constat partagé par le représentant grec au FMI, pour qui les besoins de financement d'Athènes seront supérieurs aux estimations actuelles.

"Ce manque de financement devra être couvert soit par une augmentation du prêt de 109 milliards décidé le 21 juillet, soit par une restructuration de la dette privée", a-t-il dit au quotidien grec Imerisia.