Crise financière : le lobby bancaire français se défend

Par latribune.fr, avec Reuters  |   |  685  mots
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C'est la santé des finances publiques de certains Etats de la zone euro qui est à l'origine de la crise, pas la santé des banques, a déclaré ce lundi la Fédération bancaire française (FBF).

Le lobby bancaire a réagi vivement aux déclarations de la chancelière allemande et du président français qui ont annoncé dimanche qu'ils se tenaient prêts à recapitaliser les banques afin de faire face à toute exacerbation de la crise. "Les banques françaises rappellent que l'inquiétude des marchés a pour origine la situation des finances publiques de certains pays de la zone euro, et pas celle des banques européennes elles-mêmes", déclare la FBF dans un communiqué.

"Certains Etats doivent retrouver la confiance des investisseurs pour continuer à emprunter sur les marchés dans des conditions satisfaisantes", indique la FBF, "l'éventuel renforcement des fonds propres des banques européennes n'apporterait pas de réponse à cette question".

Les banques européennes tentent de résister à une recapitalisation générale du secteur qui nuirait à leurs actionnaires en diluant leurs participation à des cours historiquement bas. L'intervention de la FBF survient alors que la Belgique, la France et le Luxembourg ont enclenché le démantèlement de la banque franco-belge Dexia, première victime d'ampleur de la crise de la dette souveraine en zone euro.

La pression pour des injections de fonds propres a grandi depuis que la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a évoqué cet été des besoins en capitaux de 200 milliards d'euros pour les banques européennes. Les propos de l'ancienne ministre française des Finances ont déclenché une volée de bois vert des banques qui insistent sur le fait qu'elles sont assez capitalisées et peuvent faire face à la crise. "Grâce à la mise en réserve de leurs bénéfices et à l'évolution de leur modèle d'activité, elles (les banques françaises) sont en mesure de s'adapter aux circonstances et de répondre aux exigences des autorités de régulation tout en continuant à financer l'économie", assure la FBF.

Prévenir la contagion

La Fédération appelle à la mise en oeuvre rapide du plan de soutien à la Grèce, à l'amélioration de la gouvernance de la zone euro et à la création d'instruments financiers pour prévenir les risques de contagion. Les gouvernements de la zone euro sont en passe de boucler le renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) qui devrait disposer à terme de 440 milliards d'euros.

La Société générale et BNP Paribas ont démenti ce week-end un article du Journal du Dimanche, selon lequel elles étaient à la recherche de 3-4 milliards d'euros et 7 milliards d'euros respectivement. Ce démenti est survenu alors que la presse se fait l'écho de spéculations sur la mise en place en France d'un nouveau plan de renforcement des fonds propres des banques sur le modèle de celui qui avait été lancé en 2008.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont indiqué dimanche qu'une réponse globale à la crise serait annoncée d'ici au sommet du G20 des 3 et 4 novembre, mais ont été avares en détails, ce qui a alimenté les spéculations des analystes.

"Nous ignorons toujours comment les Européens comptent recapitaliser les banques et surtout s'ils souhaitent toutes les recapitaliser afin d'éviter que certaines ne soient stigmatisées", ont écrit dans une note de recherche les stratégistes de CM-CIC Securities, cités par Reuters. "Une recapitalisation des banques serait un signal fort envoyé au marché, même si les banques n'en ont pas nécessairement besoin sur le fond, cela permettrait d'apaiser les tensions et de restaurer la confiance du marché dans le secteur", note pour sa part Benoît de Broissia, analyste chez KBL Richelieu. "Pour cette raison la meilleure solution serait certainement un investissement des Etats dans les banques sous la forme d'acquisition d'actions préférentielles qui seraient remboursées une fois les tensions apaisées", ajoute-t-il.

Les valeurs bancaires françaises ont terminé la séance de ce lundi en hausse. Société générale, Crédit agricole et BNP Paribas ont progressé respectivement de 1,19%, 0,37% et 2,96% alors que l'indice européen des banques en Europe a fini sur une hausse de 2,32%.