Les banques paient la note

Par Christine Lejoux  |   |  624  mots
Copyright Reuters
Bien plus que l'abaissement de leurs notes de solvabilité, anticipé par les marchés, ce sont les risques liés au dossier grec qui ont fait vaciller les cours des banques, mardi, en France et, plus largement, en Europe.

Standard & Poor's (S&P) a encore frappé. L'agence d'évaluation financière a abaissé mardi d'un cran les notes de solvabilité de la Société Générale, du Crédit Agricole et de BPCE, de A+ à A. S&P a également privé la Caisse des dépôts et consignations, bras financier de l'État, de son triple A, pour la ramener à AA+, comme la France. De fait, ces dégradations s'inscrivent dans le sillage de celle de l'État français, privé de sa note suprême par S&P le 13 janvier. Plombée par son endettement, la France est moins à même que par le passé de venir à la rescousse de ses banques, si celles-ci se trouvaient confrontées à des difficultés majeures. La perte d'une partie de ce soutien public théorique doit donc se traduire dans les notes de leur solvabilité. Tout comme elle a déjà impacté les notes d'établissements et d'entreprises publics, tels que l'Unedic ou EDF, dégradés par S&P le 17 janvier. Aussi, la Société Généralecute; Générale ne s'émeut pas outre mesure, qualifiant la dégradation de sa note de « conséquence directe de la méthodologie de S&P, qui intègre à notre note de long terme un facteur de soutien systémique de l'État français. »

À noter que S&P n'a pas touché à BNP Paribas, sa position commerciale « très solide » et sa liquidité « adéquate » rendant moins nécessaire une intervention théorique de l'État. Noté AA-, l'établissement présidé par Baudouin Prot demeure l'une des rares banques européennes à garder une note double A, après la salve d'abaissements survenue en novembre. En pleine aggravation de la crise de la dette dans la zone euro, S&P avait dégradé les notes de plusieurs grandes banques, parmi lesquelles l'espagnole BBVA, la britannique Barclays, la suisse UBS.

Certes, la dégradation de leurs notes n'est pas une bonne nouvelle pour les banques, puisqu'elle entraînera logiquement un renchérissement de leurs coûts de financement, qu'elles risquent de répercuter sur les taux des crédits aux ménages et aux entreprises. Mais l'exemple des États américain et français montre qu'une dégradation de note peut en réalité déboucher sur... une baisse des coûts de financement. La perte de son triple A, le 13 janvier, n'a pas empêché la France de placer, le 19 janvier, des obligations d'échéance 2016 à un taux de 1,89 %, contre 2,42 % lors d'une précédente émission, le 5 décembre. Tout simplement parce que la perte du triple A de la France était anticipée depuis des mois par les marchés financiers. Comme l'ont été les dégradations des notes des banques françaises : les marchés ont eu le temps de s'y préparer depuis le 5 décembre, date à laquelle S&P avait déclaré envisager de dégrader 15 pays de la zone euro, dont la France. D'ailleurs, dès le 7 décembre, l'agence avait placé sous surveillance négative les notes des principales banques françaises. « On ne peut pas mettre la baisse (des valeurs bancaires, mardi) sur le compte de la décision de S&P », confirme le courtier Natixis. Si les actions Société Généralecute; Générale (- 5,39 %), Crédit Agricolegricole (- 4 %), Natixis (filiale cotée de BPCE, - 3,5 %), ont dévissé mardi, à l'instar d'autres banques européennes comme Commerzbank, c'est en raison des pressions exercées sur les créanciers privés de la Grèce, notamment par le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, qui juge insuffisants les efforts des banques envers Athènes.