La polémique sur les bonus fait redouter un climat "anti business" au Royaume-Uni

Par Christine Lejoux  |   |  442  mots
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Le ministre britannique des Finances, George Osborne, s'inquiète de la polémique sur les bonus des banquiers, qui enfle au Royaume-Uni, au risque de faire fuir les meilleurs financiers et les investisseurs étrangers.

George Osborne tape du poing sur la table. Pour le ministre britannique des Finances, la polémique sur les bonus des banquiers, qui fait rage outre-Manche dans un contexte de crise économique, n'a que trop duré. Mardi soir, dans le cadre d'un discours devant la Fédération des petites entreprises, George Osborne a reconnu qu'il était "bien sûr innaceptable de récompenser l'échec." Mais qu'une économie de marché forte devait "être basée sur la rémunération du succès." Faute de quoi le Royaume-Uni risquait de voir ses talents s'expatrier et les investisseurs étrangers fuir le pays , rebutés par la montée en puissance d'un climat "anti business." Aussi, le Chancelier de l'Echiquier est-il décidé à sonner la fin de la partie pour ceux qui "sont en train d'essayer d'établir une culture hostile aux affaires."

Le Parti travailliste favorable au retour d'une taxe sur les bonus

Dans la ligne de mire de George Osborne : le Parti travailliste. Plus tôt dans la journée de mardi, le parti d'opposition avait proposé au Parlement de voter le retour d'une taxe sur les bonus des banquiers, c'est-à-dire sur la rémunération variable perçue par ces derniers, en fonction de leurs performances. Cette proposition a été rejetée, mais par 295 voix seulement contre 244. Chuka Umunna, porte-parole du Parti travailliste en charge des probématiques économiques, se défend de toute animosité envers le monde des affaires : "L'opinion publique attend, à juste titre, que cesse la culture des bonus excessifs. Les rémunérations variables des banquiers sont censées dépendre de leurs performances, uniquement." Autrement dit, pas de performances, pas de bonus.

Un bonus estimé jusqu'à 3,6 millions d'euros pour le patron de Barclays

C'est le sort que vient de subir, bien malgré lui, Stephen Hester. Le 30 janvier, le directeur général de Royal Bank of Scotland, sous la pression de l'opinion publique, a fini par renoncer à son royal bonus. Celui-ci s'élevait à près d'un million d'euros, au titre de 2011, alors que la banque, sauvée par le gouvernement lors de la crise financière de 2008 et toujours détenue à 82% par l'Etat (donc par le contribuable), s'apprête à supprimer 3.500 emplois. Le patron de la banque Lloyds a fait de même. Bob Diamond est attendu au tournant : le directeur général de Barclays devrait percevoir une rémunération variable de... 2,4 à 3,6 millions d'euros, au titre de l'année écoulée, selon la presse britannique. Alors que la banque devrait publier, vendredi, une chute de 12% de son bénéfice net, au titre de l'exercice écoulé, selon les analystes sondés par l'agence Bloomberg.