Les épargnants français boudent les PME

Par Christine Lejoux  |   |  509  mots
Copyright Reuters
Le nombre de souscripteurs à des FCPI (fonds communs de placement dans l'innovation) et à des FIP (fonds d'investissement de proximité) a dégringolé de 27%, l'an dernier, à 91.000, selon une étude publiée par l'Afic. Résultat, la collecte des FCPI et des FIP a chuté de 15%, en 2011, à 757 millions d'euros.

Après les « zinzins », les investisseurs institutionnels, c?est au tour des particuliers de battre froid aux PME. L?an dernier, en France, pas plus de 91.000 épargnants ont souscrit à des FIP (fonds d?investissement de proximité) et à des FCPI (fonds communs de placement dans l?innovation), soit une dégringolade de 27%. Résultat, les capitaux levés par les FIP et les FCPI - destinés à drainer l'épargne des Français vers le financement des PME régionales et des entreprises innovantes non cotées - ont chuté de 15% en 2011, à 757 millions d?euros, selon une étude publiée jeudi par l?Association française des investisseurs en capital (Afic) et par l?Association française de la gestion financière (AFG).

Coup de rabot fiscal

Si les particuliers se sont détournés des FIP et des FCPI, c?est essentiellement en raison du coup de rabot fiscal subi l?an dernier par ces fonds. La réduction d?impôt sur le revenu, qui s?élevait auparavant à 25% des versements effectués dans les FCPI et les FIP, a été ramenée à 22% en 2011. Et elle doit encore être abaissée à 18% cette année. De quoi tarir l?appétit des épargnants pour ces fonds risqués et peu liquides.

Une croissance du chiffre d'affaires deux fois plus forte

Or les FCPI représentent un véritable « boosteur » pour le développement des entreprises, d?après une étude diffusée jeudi par l?Afic et Oséo, l?entreprise publique spécialisée dans le financement des PME. Deux ans seulement après l?entrée d?un FCPI dans leur capital, les entreprises affichent une croissance de leurs effectifs et de leur chiffre d?affaires deux fois plus forte que celle des sociétés non investies par de tels fonds. « La participation de sociétés de gestion de FCPI au capital des entreprises leur apporte une crédibilité supplémentaire, qui facilite leur accès au crédit bancaire », explicitent Oséo et l?Afic.

Publication d'un livre blanc dans trois à quatre semaines

Cette étude, l?Afic compte bien l?intégrer dans son livre blanc, qui sera publié dans trois ou quatre semaines, afin d?appuyer auprès des pouvoirs publics sa demande de renouvellement et, même, de renforcement du dispositif FIP-FCPI, censé s?achever fin 2012. « La baisse significative de la collecte justifie nos craintes relatives au financement des PME », explique Hervé Schricke, président de l?Afic. En effet, les particuliers constituent aujourd?hui une source de capitaux d?autant plus précieuse pour les petites entreprises innovantes que les fonds de capital-risque subissent, eux, la désaffection des investisseurs institutionnels, bridés par une réglementation plus stricte en matière de fonds propres (Bâle 3 pour les banques, Solvabilité 2 pour les assureurs). « Il n?y a pas d?autre moyen de soutenir la croissance économique que de soutenir les PME », insiste Hervé Schricke. Un argument susceptible d?être reçu, à deux mois du premier tour de l?élection présidentielle.