PME : Nyse Euronext dénonce un rapport à charge

Au lendemain de la publication du rapport Giami/Rameix sur le financement des PME via la Bourse, Nyse Euronext réagit. Un comité d'orientation stratégique se réunira le 23 mars pour examiner les recommandations du rapport sur les pratiques tarifaires comme la filialisation de l'activité PME.
« NYSE Euronext a augmenté ses tarifs de négociation des titres de PME-ETI. Ces décisions ont catalysé la crise de confiance, alors que l'attrait du marché financier se réduisait », constate le rapport Giami/Rameix. Copyright Reuters

Nyse Euronext ne décolère pas. « C'est un rapport à charge, d'une rare violence. Le contenu est partial, partisan, incomplet et destructeur », commente Marc Lefevre, directeur développement commercial et relations émetteurs, listing Europe chez NYSE Euronext. La publication mardi soir du rapport, tant attendu, de Gérard Rameix, le médiateur du crédit, et de Thierry Giami, le président de l'Observatoire du financement des entreprises par le marché, sur la structuration du marché et la capacité des PME-ETI à se financer via la Bourse n'est effectivement pas tendre avec l'opérateur historique.

« L'entreprise de marché NYSE Euronext a pris des décisions contraires à la stratégie à laquelle elle avait souscrit. Sa présence commerciale a été réorganisée et accompagnée d'une réduction de moyens. Elle a adopté une tarification des transferts d'Euronext vers Alternext qui a été jugée élevée dans la mesure où elle est équivalente à la tarification des introductions. Elle a augmenté ses tarifs de négociation des titres de PME-ETI. Ces décisions ont catalysé la crise de confiance, alors que l'attrait du marché financier se réduisait en raison de l'aggravation de la situation économique », constate notamment le rapport.

« C'est oublier que nous avons identifié et présenté au Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, à l'automne 2009, les mesures prioritaires pour faciliter l'accès des PME-ETI au marché. Je suis outré que tout cela ne soit pas pris en considération. », réagit Marc Lefevre. Le responsable souligne en outre que le chapitre investisseurs n'a été faiblement traité. L'une des conditions préalables au financement des entreprises est pourtant que l'épargne retrouve le chemin de la bourse.

Des commissions qui ont effectivement augmenté

Les tarifs ? NYSE Euronext avait effectivement annoncé en novembre 2010 une modification de sa grille tarifaire « qui allait conduire à une augmentation des commissions sur la négociation des titres des PME-ETI. Nous sommes revenus sur notre grille en mars 2011, pour mettre un plafond aux commissions », poursuit le responsable. Reste que les tarifs ont effectivement augmenté.

« S'agissant des transferts, nous les avons toujours facturés au prix d'une introduction en Bourse, avant même l'existence de la passerelle entre le marché réglementé de NYSE Euronext et le marché organisé NYSE Alternext. Et nous n'avions pas pris d'engagement tarifaire spécifique s'agissant de NYSE Alternext lorsque la passerelle a été créée par la loi », fait-il valoir. NYSE Euronext a recensé une vingtaine de transferts vers NYSE Alternext, pour un coût moyen de l'ordre de 25.000 euros - 10 000 euros maximum pour les capitalisations boursières inférieures à 10 millions d'euros -. « Je ne crois pas que ce montant soit un frein lorsqu'il est question de se relancer en Bourse ».

Nyse Euronext, actionnaire de référence

Quoi qu'il en soit, Nyse Euronext étudiera les préconisations du rapport Giami/Rameix. Les acceptera-t-il ? C'est une autre question. Pour créer un choc de confiance, les deux rapporteurs recommandent la filialisation des activités PME-ETI de la Bourse transatlantique. Une manière de créer une Bourse spécifique, avec une équipe dédiée. Nyse Euronext en resterait l'actionnaire de référence. Autrement dit, dans le schéma idéal, il ne détiendrait pas plus de 50% du capital et n'aurait donc pas les moyens de modifier, seul, la stratégie de la Bourse des PME.

La Caisse des Dépôts est disposée à entrer au capital, là encore, sans prendre le contrôle et avec plusieurs partenaires qui pourraient être des banques, des professionnels de la Bourse ou des investisseurs. Dès mardi, François Baroin a demandé à ce que la faisabilité de cette première option soit examinée avant l'été par Nyse Euronext et la Caisse des Dépôts. Une deuxième option étant l'ouverture à la concurrence.

Rendez-vous le 23 mars

Le 23 mars prochain, la première réunion du comité d'orientation stratégique dédié au sujet des PME, tout nouvellement créé par Nyse Euronext, sera l'occasion d'examiner ces recommandations. « Le volet tarifaire fera partie des sujets étudiés », assure Marc Lefevre. « La notion de choc de confiance, nous l'appelons de nos v?ux. La filialisation est-elle la meilleure voie pour le faire ? Le Comité d'Orientation Stratégique l'examinera», ajoute-t-il.

Nyse Euronext a-t-il vraiment le choix aujourd'hui alors que d'autres opérateurs boursiers seraient disposés à pénétrer le marché français ? Xavier Rolet, le directeur général du Groupe London Stock Exchange, a déjà affirmé par le passé qu'il était prêt à répondre à une demande des entreprises s'il était le bienvenu. « Ce n'est pas en encourageant la concurrence, ce n'est pas en préconisant la fragmentation, que l'on va apporter une réponse au problème du financement des PME », répond Marc Lefevre. « Cela nous semble être une option risquée ».
 

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