L'intervention de la BCE ne sauvera pas les banques les plus malades

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  475  mots
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Selon l'agence de notation Fitch, les opérations de refinancement à trois ans menées par la Banque centrale européenne permettront seulement aux banques les plus affaiblies de la zone euro de gagner du temps.

Moment attendu des intervenants sur les marchés, la deuxième opération de refinancement à long terme de la Banque cenrale européenne (BCE), dont le résultat sera connu ce mercredi 29 février, sera scrutée : tant pour le montant octroyé que pour le nombre de banques venues solliciter la BCE. La première opération du genre, réalisée le 21 décembre dernier, avait concerné 523 établissements pour un montant total de 489 milliards d'euros. Mais pour les analystes de Fitch Ratings, l'intervention de la BCE, si elle a joué jusqu'alors un rôle stabilisateur sur les marchés financiers, pourrait bien n'être qu'un retardeur pour le secteur bancaire.

La confiance pour partie restaurée vis à vis des banques, émettrices de dette, et le recul des primes de risque exigées sur le marché des dettes d'Etat "ont permis d'éviter de nouvelles dégradations, plus importantes encore", souligne ainsi Fitch Ratings. "Dans certains cas, le temps ainsi gagné permettra aux banques de faire face à leurs difficultés. Mais pour les plus mal notées, cette opération de refinancement retarde simplement leur mort".  

Parmi les bénéficiaires les plus importants de l'opération de décembre, l'agence cite les établissements financiers italiens et espagnols, mais également allemands. A l'inverse, les pays nordiques, les Pays-Bas et la Suisse n'ont pas participé. Les analystes de Fitch ne s'attendent pas à une forte utilisation des fonds ainsi obtenus pour des stratégies de portage (qui consistent à rechercher des rendements plus attratifs après avoir emprunté à 1%), car les banques européennes cherchent plutôt à sortir de leur exposition à la dette des Etats lorsqu'elles le peuvent. Les banques italiennes et espagnoles de taille moyenne peuvent toutefois être ou avoir été tentées compte tenu de l'écart de taux.

Une opération qui ne dopera le crédit

Les économistes tablent sur 470 milliards d'euros supplémentaires de prêts octroyés mercredi par la BCE. Fitch ne fait pas, pour sa part, de prévision sur ce montant. Mais l'agence a noté que des établissements de taille moyenne, notamment en Italie et en Espagne, se sont préparés. Surtout, la première opération n'a pas été considérée comme le signal d'une mauvaise santé du secteur bancaire européen. Mario Draghi, le président de la BCE, a lui-même lutté pour cela, à l'occasion de la dernière conférence de presse à l'issue du Conseil des gouverneurs (le 9 février dernier). Du coup, des établissements plus solides pourraient bien se présenter, cette fois-ci, au guichet de la BCE. 

Mais n'en déplaise à Mario Draghi, qui exhortait dimanche dernier encore les banques à prêter aux ménages et aux entreprises pour soutenir la croissance, Fitch ne parie pas sur une forte croissance du crédit, compte tenu de l'absence de demande notable en Europe.