Supprimer le chèque, cher aux Français mais trop coûteux pour les banques ?

Par latribune.fr (source AFP)  |   |  497  mots
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Un rapport, rédigé par l'ancien directeur général du Crédit Agricole et le président du Comité consultatif du secteur financier, préconise de réduire de moitié le nombre de chèque émis en France d'ici à 2017. Le mode de paiement, plus utilisé en France qu'ailleurs, serait trop coûteux pour le système bancaire, quand les paiements par cartes bancaires et virements sont sources de revenus.

Un rapport sur l'avenir des moyens de paiement préconise de réduire de moitié sur les cinq ans à venir le nombre de chèques émis en France, afin de préserver l'équilibre financier des banques. Ses auteurs, l'ancien directeur général du Crédit Agricole, Georges Pauget, et le président du Comité consultatif du secteur financier (CCSF, rattaché à la Banque de France), Emmanuel Constans, appellent simultanément à développer les paiements sans contact et faciliter les transferts de fonds par internet pour tenir compte des évolutions technologiques.

Ce rapport, commandé par l'ancien ministre de l'Economie, Christine Lagarde, émet en tout 20 propositions sur l'avenir des moyens de paiement, visant notamment à faciliter les paiements sécurisés en ligne, développer les moyens de paiement en face à face (sans contact notamment), accélérer et accompagner la réduction du rôle du chèque ou encore mobiliser la sphère publique. La plus concrète vise à fixer pour 2017 un premier objectif de réduction de moitié du nombre de chèques émis en France. Les banques s'emploient depuis une vingtaine d'années à en réduire le nombre, mais sans avoir jamais ouvertement fixé d'objectif.

Les Français, champions du monde du paiement par chèque

Selon des chiffres de la Banque de France cités dans le rapport, les chèques représentaient 56,6% du volume des moyens de paiement utilisés en 1991, 25,6% en 2006 et 18,2% en 2010, un niveau sans égal en Europe. A titre de comparaison, le Royaume Uni arrivait en deuxième position en Europe en 2010 pour les paiements par chèque, avec 8% des transactions réglées par ce biais. En valeur, les chèques représentaient 10,2% des montants en France en 2006 et 8,4% en 2010, selon la Banque de France.

Selon les auteurs du rapport, l'équilibre actuel du financement des moyens de paiement "est menacé" par la réduction des marges dégagées par les banques avec la mise en place du SEPA (espace unique des paiements européens), la concurrence accrue prônée par les autorités européennes qui devrait se traduire par une baisse des commissions interbancaires et les évolutions technologiques qui favorisent de nouveaux entrants, parfois extérieurs au monde bancaire.

Espèces et chèques sont coûteux tandis que cartes bancaires et virements rapportent

Les deux auteurs notent notamment la "charge importante" pour le système bancaire représentée par la délivrance d'espèces aux distributeurs automatiques (2,6 milliards d'euros) et la mise à disposition et l'utilisation gratuite des chèques (2,5 milliards d'euros). A l'inverse, les cartes bancaires et les virements/prélèvements sont sources de revenus (respectivement 2,6 et 0,7 milliards d'euros). "En cas de réduction des produits générés par les moyens de paiement, le modèle économique ne pourra retrouver son équilibre qu'avec une réduction des coûts, notamment ceux liés aux chèques et à la circulation fiduciaire", note le rapport qui devait être remis cette semaine à Bercy.