Bankia s'effondre à la Bourse de Madrid

Par Christine Lejoux  |   |  384  mots
La quatrième banque espagnole réclame une aide publique gigantesque, de 23,5 milliards d'euros, au total. Copyright Reuters
L'action de la quatrième banque espagnole, qui a réclamé vendredi à l'Etat une aide de 19 milliards d'euros, a plongé de 13,4%, lundi, entrainant dans son sillage la Bourse de Madrid, qui a clôturé à son plus bas niveau depuis 2009.

Reprise de cotation dans la douleur, pour Bankia. Le cours de la quatrième banque espagnole, qui a sollicité vendredi une aide publique colossale de 19 milliards d'euros, a dévissé de 13,4%, lundi. Résultat, la capitalisation boursière de Bankia, dont la cotation avait été suspendue vendredi, est passée sous la barre des 3 milliards d'euros (à 2,7 milliards exactement). C'est dire si les investisseurs n'ont guère confiance dans la capacité du gouvernement espagnol à voler à l'aide de la banque, bien que Jose Ignacio Goirigolzarri, président de Bankia, se soit déclaré samedi "certain que l'Etat espagnol (allait) obtenir le financement (nécessaire)."

Quelque 184 milliards d'euros d'actifs immobiliers toxiques

Certes, Madrid s'est engagé à apporter les fonds indispensables à Bankia, cette dernière étant considérée comme une banque systémique, dont la faillite provoquerait des défaillances en cascade au sein du secteur bancaire espagnol. Mais l'Etat espagnol, qui a déjà prêté 4,5 milliards d'euros à Bankia le 9 mai, pourrait être sollicité par d'autres banques, le secteur accumulant quelque 184 milliards d'euros d'actifs immobiliers toxiques, en raison de l'éclatement de la bulle immobilière espagnole, en 2008. Au total, les banques espagnoles pourraient avoir besoin d'une aide de 60 milliards d'euros, selon l'Institut de la finance internationale (IIF). A quoi s'ajoutent les demandes de renflouement formulées à l'Etat par des régions très endettées, comme la Catalogne.

Crainte d'un scénario "à la grecque"

Conséquence, les marchés financiers redoutent que l'Espagne ne soit acculée à un scénario "à la grecque", avec la mise en place d'un plan de sauvetage pour le pays, qui accusait fin 2011 un déficit public de 8,9% de son Produit intérieur brut (PIB). De fait, le taux à 10 ans de l'obligation espagnole de référence s'est sensiblement tendu lundi, à plus de 6,5%, contre 6,311% vendredi soir. Soit un écart de 514 points de base par rapport au rendement du Bund allemand, du jamais vu. Les marchés actions n'étaient pas en reste : La Bourse de Madrid a clôturé lundi sur une chute de 2,17% à 6.401,2 points, son plus bas niveau depuis le 27 mai 2003. Et ce, malgré l'assurance donnée lundi par le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, que le sauvetage public de Bankia n'aurait "aucun impact" sur le déficit public du pays, qu'il s'est engagé à ramener à 5,3% du PIB cette année.