Et si le Crédit Agricole sortait de Grèce...

Par Séverine Sollier  |   |  403  mots
Une étude de Keefe, Bruyette & Woods évalue les pertes pour le Crédit Agricole s'il décidait de se retirer de Grèce dans différents scenarios : de sortie ou de maintien dans la zone euro.

"To leave or not to leave", c'est la question pour le Crédit agricole. Plombée par sa filiale en Grèce, Emporiki, la banque française a avoué il y a quelques semaines envisager tous  les scenarios possibles y compris de sortir complètement du marché.

A l'approche des élections législatives en Grèce le 17 juin, la pression monte et les hypothèses se mutliplient. Un article du Wall street journal  indique ce jeudi 14 juin que la banque verte envisagerait de se retirer de Grèce comme elle l'avait fait en Argentine en 2004 ou de fusionner Emporiki dans le cadre d'un regroupement de plusieurs banques du pays.

Dans une analyse parue également le 14 juin, Keefe, Bruyette & Woods donne une évaluation chiffrée des différents scenario possibles pour le groupe Crédit Agricole. "Une sortie de Crédit Agricole d'Emporiki mettrait une limite sur les pertes potentielles", estime cette étude. Le choix serait entre une perte "connue" de 3,8 milliards si la banque quitte Emporiki aujourd'hui et une perte incertaine  si elle conserve Emporiki.

Le Crédit Agricole aurait financièrement intérêt à partir de Grèce

Le coût le plus élevé interviendrait si la banque verte restait en Grèce et que le pays sortait de la zone euro ("Grexit") alors il pourrait atteindre 7,1 milliards selon KBW et 2,8 milliards sans sortie de la zone euro. L'étude conclut donc  que la solution financièrement la plus attractive serait pour Crédit Agricole  de partir d'Emporiki. Ce calcul ne tient cependant pas compte du risque de réputation que prendrait alors le Crédit Agricole, dont les conséquences financières (en perte de clientèle potentielle) sont difficiles à chiffrer.

Lors de l'Assemblée générale des actionnaires le 22 mai, la direction générale avait indiqué trois conditions pour rester investi dans Emporiki : que la Grèce se maintienne dans la zone euro; qu'il n'y ait pas de retraits massifs ; et d'accéder aux liquidités d'urgence de la banque centrale grecque (ELA). Cette dernière condition est d'ores et déjà remplie. La seconde condition est en suspens car les transferts de capitaux s'accélèrent à mesure que la date des élections s'approche. Quant à la troisième condition, il faudra attendre la constitution du nouveau gouvernement en Grèce pour savoir quelle voie économique sera privilégié dans ce pays déjà ravagé par la crise.