Pays-Bas : Les banques et les caisses de retraite dans la tourmente

Par Sabine Cessous, aux Pays-Bas  |   |  487  mots
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Alors qu'ABN-Amro et Rabobank affichent des profits en baisse, les Pays-Bas cherchent des solutions pour sortir de la crise financière.

Selon des résultats publiés ce matin, ABN-Amro affiche une baisse de 30% de ses profits nets au second trimestre (341 millions d'euros). Le déclin sur le premier semestre s'élève à 15% par rapport à l'année précédente (827 millions). En cause, la vente d'actifs à risques, la hausse des provisions pour mauvaises dettes et le déclin du prix de la pierre. De son côté, la Rabobank, quatrième aux Pays-Bas et non cotée en Bourse, a annoncé le 23 août une baisse de 29% de ses profits nets (1,3 milliard) pour le premier semestre. Les annonces se suivent et se ressemblent. ING a publié le 8 août un bénéfice net en baisse de 22% au second trimestre (1,17 milliard).

Pas question de reprivatiser ABN-Amro

A l'approche des législatives du 12 septembre, les partis politiques se demandent comment sortir le secteur financier et l'économie de l'ornière. Pour la gauche et notamment les travaillistes, pas question de remettre sur le marché ABN-Amro, une banque partiellement nationalisée en octobre 2008 par leur ancien leader, Wouter Bos, alors ministre des Finances. Alors que les chrétiens-démocrates de la CDA préconisent la création d'un nouvel organe de contrôle des banquiers, Bernard Weintjes, le patron des patrons, suggère une solution plus pragmatique.
A son avis, il faut se servir de l'argent des fonds de pension pour racheter les portefeuilles de crédits immobiliers des banques. Ces portefeuilles atteignent 650 milliards d'euros aux Pays-Bas, et contribuent au niveau record de la dette privée des Néerlandais (223% du PIB). Ces placements, selon le président de la Fédération des employeurs et industriels néerlandais (VNO-NCW), seraient moins risqués et «donneraient un meilleur rendement que des obligations sur les marchés financiers de l'Europe du Sud».
Seul problème : les fonds de pension se trouvent eux-mêmes dans la tourmente. Le plus grand d'entre eux, ABP, la caisse de retraite des fonctionnaires, a annoncé le 21 août qu'il va devoir baisser les versements à ses ayants droits de 10% à 15% d'ici à 2014.

Les fonds de pension rechignent

Les fonds de pension, déjà sollicités par le passé pour financer des grands travaux, refusent d'être le "guichet automatique" des Pays-Bas. Ils rechignent par ailleurs à se remettre en cause, alors que les épargnants paient la note, au final, pour les risques parfois inconsidérés pris sur les marchés.
Dernier exemple en date : les pertes essuyées par ABP et le fonds de pension du secteur de la santé, PGGM, à cause de leurs investissements mal avisés dans les actions Facebook, passées de 38 euros en mai au moment de leur émission à 19 euros aujourd'hui. Mais comme le souligne le quotidien économique Het Financieele Dagblad, les montants investis dans Facebook peuvent paraître dérisoires (12,6 millions d'euros pour ABP en mai), comparés à d'autres investissements, comme le milliard de dollars que détient ABP en actions du groupe Apple.