Restera-t-il des sociétés de crédit conso dans cinq ans ?

Par Séverine Sollier  |   |  455  mots
Réunis en Congrès à Cannes, les sociétés de crédits spécialisées craignent que la nouvelle réglementation Bâle 3 menace la continuité de leur activité.

Affluence record au congrès annuel Eurofinas/Leaseurope des professionnels spécialisées dans le crédit à la consommation et les services financiers. Et pour cause : leur inquiétude sur la pérennité de leurs activités est forte compte tenu des changements majeurs auxquels le secteur est confronté.

Une production de crédits en baisse

Les nouveaux crédit à la consommation sont en effet en baisse : 323 milliards d'euros ont été accordés en 2011 à comparer avec 398 milliards en 2007 dans dix pays européens, selon les chiffres avancés par la Fédération européenne Eurofinas. La tendance se constate nettement en France, selon les statistiques de l'Association française des sociétés financières (ASF).
Cette baisse qui s'explique certes par une diminution de la demande des emprunteurs en ces temps de crise économique mais aussi par les effets de la loi Lagarde sur le crédit à la consommation alors que les conditions de refinancement des activités sont plus difficiles. Les problème de PSA Finance, la filiale du constructeur automobile sont d'ailleurs l'illustration de ce durcissement du marché du refinancement pour des sociétés de crédit spécialisées qui n'engrangent pas de dépôts.

Les régles de Bâle III sur les liquidités : le coup de grâce ?

Les professionnels du crédit à la consommation et de l'affacturage sont partis en guerre contre les nouvelles normes prudentielles de Bâle III qui font l'objet d'une directive CRD4 de transposition en droit européen en cours d'adoption à Bruxelles. D'une manière générale, les nouveaux ratios de solvabilité et de liquidités semblent inadaptés aux acteurs du secteur comme les sociétés de caution, les sociétés de crédit conso, de crédit bail et d'affacturage.

Les sociétés de crédit spécialisées...bientôt du shadow banking ?


Les établissements de crédit spécialisés ont besoin d'être reconnus comme institutions de crédit car ce statut leur permet d'accéder au refinancement auprès de la Banque centrale. Or selon, la rédaction actuelle de la CRD4, pour avoir ce statut d'institution de crédit, les sociétés doivent bien sûr, faire du crédit mais aussi collecter des fonds remboursables au public, ce qui suppose d'avoir des dépôts, ce que justement les établissements de crédit spécialisés ne font pas. Reste à savoir ce que deviendraient les sociétés de crédit spécialisées si elles n'étaient plus compatibles avec la réglementation bancaire. Pourraient-elles à l'instar des hedge funds tomber dans le champ du shadow banking ? Pourraient-elles même continuer d'exercer leur métier en France ?