Si si, c'est la France qui compte le plus grand nombre de femmes administratrices de sociétés cotées !

Par Christine Lejoux  |   |  540  mots
L'AMF est favorable à un vote consultatif des actionnaires sur les rémunérations des patrons. Copyright Reuters
Les conseils d'administration des sociétés du CAC 40 comptent 19% de femmes, contre 15% en Allemagne et au Royaume-Uni. Et... 5% en Italie, selon un rapport d'Ernst & Young, qui appelle toutefois les entreprises françaises à ne pas se reposer sur leurs lauriers.

En progrès. Si les sociétés françaises cotées en Bourse formaient une classe, telle serait la mention apposée par leur professeur au bas de leurs bulletins scolaires. L'édition 2012 du "panorama des pratiques de gouvernance des sociétés cotées françaises", publiée ce mercredi par Ernst & Young, souligne des "progrès indéniables en dix ans". A tel point qu'en matière de gouvernance d'entreprise, la France "tient parfaitement la comparaison" avec les autres pays européens, insiste le cabinet.

Une féminisation qui ne concerne pas le seul CAC 40

Parmi les principaux motifs de satisfaction figure l'ouverture des conseils d'administration aux femmes. Les conseils des sociétés du CAC 40, l'indice vedette de la Bourse de Paris, comptent aujourd'hui 19% de femmes, contre 12% seulement il y a deux ans. La France se trouve ainsi en tête des principaux pays européens, l'Allemagne et le Royaume-Uni affichant un ratio de 15% seulement, et l'Italie, de... 5%.

La tendance est identique au sein de l'indice SBF 120, qui regroupe les 120 premières capitalisations de la Bourse de Paris, avec une proportion de femmes dans les conseils passée de 8% en 2010 à 15% en 2012. Les sociétés de plus petite taille, les "midcaps", leur ont emboîté le pas, avec des conseils d'administration composés à 13% de femmes aujourd'hui, contre 10% en 2012. Il faut dire que la loi Copé-Zimmermann du 27 janvier 2011, qui impose un quota de 20% de femmes en 2014, est passée par là.

Une professionnalisation des conseils d'administration

Non seulement les conseils d'administration des entreprises françaises se féminisent, mais, de plus, ils se professionnalisent. Selon Ernst & Young, 100% des conseils des sociétés du CAC 40, 84% de ceux du SBF 120 et 60% de ceux des «midcaps» évaluent la qualité de leur fonctionnement. Et 79% des conseils d'administration communiquent désormais sur le contenu de leurs travaux et sur le profil de leurs membres. Une proportion qui se limitait à 59% en 2009.

A quand le "say on payé" en France?

Pour autant, bien des questions demeurent en suspens. A commencer par celle de l'encadrement des rémunérations des patrons. Les actionnaires doivent-ils avoir leur mot à dire sur ce sujet, comme c'est le cas dans de nombreux pays d'Europe et aux Etats-Unis, en vertu fameux du "say on pay"? L'Autorité des marchés financiers (AMF) est favorable à un vote qui aurait une valeur consultative, permettant, au moins, de faire prendre conscience au conseil d'administration de la position des actionnaires.

Des administrateurs moins bien payés qu'au Royaume-Uni

En matière de rémunération, celle des administrateurs fait elle aussi débat. Au Royaume-Uni, par exemple, elle est sensiblement plus élevée qu'en France. Or "une rémunération qui n'est pas en adéquation avec le temps passé (...) et les responsabilités endossées ne risque-t-elle pas d'avoir un impact sur la professionnalisation des travaux des conseils?", s'inquiète Ernst & Young. Le cabinet s'interroge également sur la manière de poursuivre la féminisation des conseils. Car, malgré les progrès réalisés, "ce mouvement s'est quelque peu essoufflé en 2012", observe Ernst & Young. Si bien que l'objectif, fixé par la loi Copé-Zimmermann, d'un ratio de 40% de femmes dans les conseils en 2017 "est en péril".