Les actionnaires du CAC 40 veulent avoir leur mot à dire sur les rémunérations des dirigeants

En marge des assemblées générales qui se préparent, les actionnaires individuels du CAC 40 se disent prêts à accepter l'arrêt du versement d'un dividende. Mais ils attendent en échange une stratégie de long terme de l'entreprise et une rémunération des dirigeants indexée sur les performances financières
L'une des préoccupations : les conditions dans lesquelles sont fixées les rémunérations des dirigeants. 82% des actionnaires interrogés se déclarent ainsi favorables au principe d'un vote consultatif en Assemblée Générale sur le package des rémunérations. Photo : Reuters

Fidèle à la tradition, Caroline de la Marnière, patronne de l?agence Capitalcom, a interrogé un large panel d?actionnaires individuels du CAC 40 pour savoir quelles étaient leurs attentes en marge des assemblées générales qui vont bientôt démarrer. Cette année, ces actionnaires semblent tout particulièrement focaliser leur attention sur le niveau des dividendes versés et les rémunérations des dirigeants. Avec cette particularité plutôt étonnante en ces heures chahutées pour les porteurs de parts : la moitié des sondés sont prêts à renoncer à leurs dividendes. En échange, toutefois, ils réclament des efforts supplémentaires de la part du management de leur entreprise. Des efforts de désendettement, mais aussi des efforts d?investissement long terme. Ils conditionnent également cette bonne volonté à un système d?indexation des rémunérations des dirigeants sur les performances financières mais aussi extra financières de la société concernée. En clair, les actionnaires veulent bien se « serrer la ceinture » mais dans un contexte d?efforts partagés.

Les actionnaires sont favorables au principe du « Say on Pay »

Autre sujet au c?ur des préoccupations du plus grand nombre : les conditions dans lesquelles sont fixées les rémunérations des dirigeants. 82% des actionnaires interrogés se déclarent ainsi favorables au principe d?un vote consultatif en Assemblée Générale sur le package des rémunérations, selon le modèle européen du « Say on Pay », également adopté par la SEC américaine en 2011. Ce modèle prévoit, en effet, de soumettre au vote des actionnaires les émoluments (salaires fixes et variables) des cadres dirigeants. En France, pour l?heure, ces questions sont votées par le conseil d?administration parfois doté d?un comité des rémunérations. Les montants sont inscrits dans le rapport annuel. Le « Say on Pay » est aujourd?hui appliqué dans six pays : au Royaume-Uni, en Suède, en Australie, au Canada, en Norvège et en Belgique. Il est également adopté par la SEC américaine depuis 2011.

« Cette évolution confirme un regain d?intérêt des actionnaires pour ce mode d?intervention. Alors que la polémique sur les rémunérations, qui avait agité les Assemblées Générales en 2008, puis en 2009, semblait s?être dissipée, on a relevé en 2011 une hausse du nombre de questions sur les rémunérations des mandataires sociaux et des administrateurs. Elles représentaient 16% de l?ensemble des questions posées en 2011, contre 11% en 2010 », souligne Caroline de la Marnière.

La moitié des sondés estime qu?une séparation des métiers bancaires permettrait de restaurer la confiance sur les marchés

Aux Etats-Unis, les différentes tentatives pour donner davantage de pouvoir aux actionnaires se sont soldées, jusqu?à présent, par des échecs. La dernière en date, impulsée par la Securities & Exchange Commission (SEC), prévoyait que les actionnaires, désireux de proposer leur propre candidat au conseil d?administration tout en respectant certains critères, puissent profiter du document officiel réalisé par la société en vue de l?assemblée générale. La règle avait été adoptée par les commissaires de la SEC à la demande du Congrès, qui avait donné mandat en ce sens au régulateur en adoptant la loi Dodd-Frank. Mais elle a finalement été invalidée l?été dernier par un tribunal, suite à une plainte de la chambre de commerce américaine. Pour les milieux d?affaires, ce texte risquait de réduire « la concurrence et la formation du capital ».
Assez symptomatique enfin : plus de la moitié des personnes sondées jugent que la séparation des activités de banque de détail et de banque de financement et d?investissements permettrait de restaurer la confiance sur les marchés financiers. Un sentiment que l?on voit effectivement de plus en plus se répandre parmi les actionnaires individuels. Evolution intéressante car elle tend à montrer que les banques sont susceptibles retrouver grâce aux yeux des français, mais encore faut-il qu?elles acceptent d?évoluer. Ce dont a bien conscience les dirigeants des établissements financiers hexagonaux, ceux-ci multipliant les déclarations dans ce sens depuis plusieurs mois.

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Commentaires 6
à écrit le 28/04/2012 à 7:21
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Tous ces dirigeants des grands groupes bancaires ne se rendent pas compte qu' avec ce comportement et ce manque de mesure ils sont entrain de scier la branche sur laquelle ils sont assis. S'ils dirigent leurs groupes avec un tel manque d'...

à écrit le 18/02/2012 à 8:29
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Dépenser moins pour gagner plus ! Les dirigeants qui se prennent des rémunérations inqualifiables cherchent à baisser les coûts ( salaires , augmenter le temps de travail , licenciements ) . Comme les sportifs ou chanteurs et vedettes pour qui il fau...

à écrit le 18/02/2012 à 6:44
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Donner du pouvoir aux acionnaires je rigole comme disait Coluche car il faut aller dans les réunions pour voir le niveau d'une grande partie des actionnaires. Les actionnaires ne sont que des bénis oui oui dans quatre vingts pour cent des cas minimu...

à écrit le 18/02/2012 à 6:06
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La référence pourrait être la grille de rémunération pratiquée dans les entreprises familiales, réputées pour mieux traiter leurs actionnaires ... et - peut-être - leur personnel (souhaitons-le!)

à écrit le 17/02/2012 à 15:06
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Et nos politiques sur quoi va t on les noter? hausse ou baisse de l'endettement, de la monnaie, du nombre de chômeurs, Du déficit commercial et du déficit courant? Je me souviens aussi d'une intervention de notre président dans laquelle devait être n...

à écrit le 17/02/2012 à 8:26
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Les actionnaires du CAC 40 veulent avoir leur mot à dire sur les rémunérations des dirigeants mais aussi sur leurs primes et avantages.

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