Qui est Butler Capital Partners, le discret propriétaire de Virgin Megastore ?

Par Christine Lejoux  |   |  521  mots
Un comité d'entreprise extraordinaire se tient ce lundi 7 janvier 2013 chez Virgin, pour évoquer le projet de dépôt de bilan de l'enseigne. Copyright Reuters
Le fonds d'investissement français, spécialisé dans le retournement d'entreprises, s'était fait connaître lors de la privatisation de la SNCM, en 2006. Il gère 500 millions d'euros.

«Si Butler veut partir, qu'il s'en aille, mais on veut qu'il paye les pots cassés!» Dans un entretien à l'AFP, publié lundi, avant la tenue d'un comité d'entreprise extraordinaire relatif au projet de dépôt de bilan de Virgin Megastore, Guy Olharan, du syndicat CGT, a exprimé toute sa ranc?ur à l'égard du principal actionnaire du distributeur de biens culturels. Mais qui est exactement le Butler en question? Il s'agit de Butler Capital Partners (BCP), un fonds d'investissement français créé en 1991 par Walter Butler. Cet énarque, né d'un père américain et d'une mère brésilienne, fut d'abord Inspecteur des Finances, puis conseiller de François Léotard, lorsque celui-ci était ministre de la Culture, et enfin banquier d'affaires chez Goldman Sachs.

Des investissements qui ciblent les sociétés françaises

Son genre de beauté? Les entreprises en difficulté, non cotées en Bourse, et qui présentent un vrai potentiel de rebond pour le fonds de «retournement» qu'est BCP. Ce dernier investit essentiellement dans des sociétés françaises, réalisant entre 50 et 500 millions d'euros de chiffre d'affaires. Ses tickets d'investissement oscillent entre 10 millions et 50 millions d'euros, en moyenne. Ce qui lui permet de prendre des participations majoritaires ou, tout au moins, d'être un actionnaire minoritaire «actif». BCP avait ainsi racheté à Lagardère 80% de Virgin, pour quelque 100 millions d'euros, en 2008, au moment où l'enseigne, confrontée à la chute des ventes de disques, misait sur les marchés de la papeterie et du livre pour se relancer.
D'un naturel plutôt discret, le fonds n'a pu éviter la médiatisation lorsqu'il a participé à la privatisation épique du transporteur maritime SNCM, en 2006. Et encore moins lors de son entrée, la même année, au capital du PSG, aux côtés de Colony Capital et de Morgan Stanley, dans le cadre de la cession du club de football par Canal +, pour 41 millions d'euros.

25 investissements en 20 ans

Plus récemment, BCP est devenu actionnaire du casinotier Partouche, déficitaire, en souscrivant à une augmentation de capital de 24,85 millions d'euros. La même année, en 2011, le fonds avait repris à la barre du tribunal de commerce de Beauvais le réparateur de produits électroniques Anovo, pour 22 millions d'euros en cash. Eclectiques, les quelque 25 investissements réalisés en 20 ans par BCP, qui gère aujourd'hui 500 millions d'euros? Pas tant que ça, si l'on considère ses prises de participation dans les transporteurs Giraud, SNCM et Sernam. Après avoir acquis 51,8% du capital de cette ancienne filiale de la SNCF, en 2006, pour 10,7 millions d'euros, BCP a déboursé 2 millions l'an dernier pour financer le plan social du groupe de messagerie, racheté par Geodis. Ce geste pourrait donner de l'espoir aux salariés de Virgin qui souhaitent que «Butler paye les pots cassés.»

 

Les participations de Butler Capital Partners
Société Activité Date d'investissement

Chiffre d'affaires

(en millions d'euros)

ADIT Intelligence économique 2011 20
Partouche Casinos 2011 480
Anovo Réparateur de produits numériques 2011 344
Christian Bernard Joaillerie 2010 155
Virgin Stores Distribution de produits culturels 2008 304
Sernam Messagerie 2006 325
Acces Industrie Location de nacelles élévatrices 2006 59
Osiatis Services informatiques 1998 244
Source : Butler Capital Partners