Loin de la politique, les ambitieux projets de DSK dans la finance

Par latribune.fr  |   |  717  mots
(Crédits : © 2009 Thomson Reuters)
L'ex-patron du FMI a pris la tête d'un "hedge funds" qui veut constituer un fonds de 2 milliards de dollars. Aucun "hedge fund" européen n’a débuté avec un tel montant depuis la crise financière de 2008

Les projets de Dominique Strauss-Kahn dans la finance sont très ambitieux. En prenant la tête en septembre dernier du Groupe Anatevka, une banque d'affaires peu connue et immatriculée au Luxembourg qui s'est rebaptisée depuis LSK, pour Leyne, Strauss-Kahn and Partners, l'ex-patron du FMI, veut « construire avec nous une stratégie d'une compagnie financière globale", a expliqué à l'AFP son associé Thierry Leyne.

Déjà présente dans le conseil en opérations financières ou le courtage, cette société se diversifie en lançant cette année un "hedge fund", autrement dit un fonds spéculatif. Un terme que conteste d'ailleurs Thierry Leyne car il désigne le plus souvent des fonds prenant des positions risquées ou profitant des failles des marchés.

Aucun hedge fund européen n'a débuté avec une telle somme depuis 2008

L'objectif de LSK est de constituer un fonds de 2 milliards de dollars, récoltés dans le monde entier, mais en priorité auprès d'investisseurs de pays émergents. LSK entend profiter des montagnes de liquidités encore présentes sur les marchés parmi des investisseurs en Asie, Afrique ou Amérique latine.

Cet objectif interpelle. Selon une publication spécialisée aucun "hedge fund" européen n'a débuté avec 2 milliards de dollars depuis la crise financière de 2008. Un ex-responsable de Goldman Sachs avait placé un fonds d'1 milliard de dollars, en 2010, qui avait ensuite atteint 2 milliards avant de fermer faute de rentabilité. "C'est un projet très ambitieux", concède Thierry Leyne.
 
DSK a-t-il les compétences?

Les compétences d'investisseur de DSK posent également question. S'il a une longue expérience des marchés, ne serait-ce que pour avoir été patron du Fonds monétaire international (FMI), ce dernier "n'a jamais eu d'expérience dans le domaine de la gestion spéculative", rappelle Christopher Dembik, analyste financier chez Saxo Banque.

En outre, "l'évolution suivie par DSK peut paraître surprenante compte tenu de son passé politique socialiste, de centre-gauche, d'autant que les fonds spéculatifs ont une mauvaise image même si la régulation est de plus en plus stricte", estime-t-il.

Univers ultra-compétitif

Thierry Leyne se montre confiant quant aux capacités de l'ex-homme politique. "DSK est à la fois capable de stratégie de long terme en identifiant de grandes tendances mais aussi de pouvoir réagir en temps réel aux événements qui peuvent survenir", selon lui. "Beaucoup de gens sont demandeurs de l'analyse économique de DSK", ajoute-t-il.

Reste à obtenir des résultats rapides, vu que l'univers des "hedge funds" est ultra-compétitif et que toute contre-performance peut s'y révéler désastreuse.

"DSK a certainement un très bon réseau. La communication sur le fonds n'aurait pas été faite s'il n'y avait pas quelques engagements fermes", avance Christopher Dembik.

Démêlés avec la justice

Depuis son retrait de la vie politique, en 2011, Dominique Strauss-Kahn a en effet parcouru le monde, en conseillant des gouvernements comme la Serbie et le Soudan du Sud, ou encore des entreprises, notamment en Russie.

Enfin, les démêlés avec la justice de DSK ne semblent pas être un frein à ses activités financières, qui se mènent loin de la France et des Etats-Unis.

L'affaire du Sofitel de New York, où il avait été accusé de viol par une femme de chambre, s'est clos par un abandon des poursuites pénales et la procédure civile a pris fin avec la signature d'un accord financier secret.

DSK doit toutefois encore être jugé courant 2014 devant le tribunal correctionnel de Lille, aux côtés d'une douzaine d'autres mis en examen dans une affaire de proxénétisme, dite du Carlton.

"Nous n'avons aucune question sur des sujets qui ne sont pas liés à son expérience. Il n'y a aucun doute dans les esprits", martèle Thierry Leyne.

"L'affaire a certes fait le tour du monde mais cela a très peu de conséquences dans les relations d'affaires et son expertise économique est reconnue", estime Christopher Dembik.

Cette reconversion éloigne encore un peu plus d'un retour en politique alors qu'un récent sondage non publié le plaçait en tête des personnalités politiques qui "pourraient faire mieux que François Hollande".