Transferts d'argent : le Top 6 des pays pauvres bénéficiaires et le scandale des frais

Par latribune.fr  |   |  499  mots
(Crédits : © Thomas Mukoya / Reuters)
466 milliards de dollars, tel est le formidable montant des fonds envoyés dans les pays à revenus faibles ou moyens l'an passé, selon la Banque Mondiale. Mais l'institution pointe surtout le niveau beaucoup trop élevé des frais de commissions, ponctionnés sur une population majoritairement pauvre.

Les transferts d'argent, source cruciale de revenus pour les pays pauvres, ont atteint un niveau record en 2017 après deux années de baisse consécutive, a annoncé lundi la Banque mondiale.

Le montant des fonds envoyés dans les pays à revenus faibles ou moyens a atteint 466 milliards de dollars l'an passé contre 429 milliards en 2016, soit une augmentation de 8,5%, a précisé l'institution dans un communiqué.

Hausse de la croissance, mais aussi du pétrole et de l'euro

Le rebond des transferts d'argent a été plus fort que prévu, tiré par la croissance en Europe, en Russie et aux États-Unis, ce qui a permis aux migrants et à leurs familles d'envoyer davantage d'argent à destination de leur pays d'origine. Voici le Top 6 des pays qui ont reçu cet argent :

  • Inde (69 milliards de dollars),
  • Chine (64 milliards de dollars),
  • Philippines (33 milliards de dollars),
  • Mexique (31 milliards de dollars),
  • Nigeria (22 milliards de dollars) et
  • Egypte (20 milliards de dollars).

Cette hausse des transferts, quand ils ont été libellés en dollars, a été accrue par la hausse des prix du pétrole et l'appréciation de l'euro.

Par région, l'Europe et l'Asie centrale ont vu les transferts augmenter le plus avec un bond de 21% et l'Afrique sub-saharienne de 11,4%.

Des commissions beaucoup trop élevées, selon la Banque mondiale

Les transferts d'argent vers les pays pauvres devraient encore s'accroître en 2018 de 4,1% pour atteindre 485 milliards de dollars. Au total, les transferts vers l'étranger incluant ceux à destination des pays riches devraient s'élever à 642 milliards en 2018 (+4,6%) contre 613 milliards en 2017 (+7%), ajoute la Banque mondiale.

Mais le point crucial soulevé par l'étude de la Banque mondiale, c'est celui des frais de commissions qu'elle juge encore beaucoup trop élevés. Qu'on en juge : envoyer 200 dollars vers son pays d'origine coûtait 7,1% en moyenne au premier trimestre 2018, un tarif bien supérieur à ce qui est jugé optimal, a-t-elle déploré. Et l'Afrique sub-saharienne demeure la région où envoyer son argent demeure le plus coûteux avec un coût moyen de 9,4%.

"Alors que les transferts d'argent augmentent, les pays, les institutions et les agences de développement doivent continuer à réduire ces coûts élevés pour permettre aux familles de recevoir plus d'argent", a réagi Dilip Ratha, qui a dirigé l'étude et qui est cité dans le communiqué.

Identification des freins à la baisse des coûts de transfert

Selon la Banque mondiale, les principaux obstacles à la baisse des coûts des transferts sont notamment "les mesures de réduction des risques prises par les banques et les partenariats exclusifs conclus entre les systèmes postaux nationaux et les opérateurs de transfert d'argent".

L'auteur de l'étude milite pour "la suppression des contrats d'exclusivité en vue d'assainir davantage la concurrence sur le marché". Il relève que ces facteurs "limitent l'introduction de technologies plus efficaces" — comme les applications en ligne et sur smartphone ainsi que "l'utilisation de la cryptomonnaie et de chaînes de blocs" (la Blockchain) — dans les services de transfert.

(Avec AFP)