Une large majorité d’eurodéputés décidée à protéger les lanceurs d’alerte

Par Aline Robert  |   |  501  mots
A Malte, dimanche 22 octobre, des manifestants réclament justice après l'assassinat, lundi 16 octobre de la journaliste Daphne Caruana Galizia, qui enquêtait depuis des années sur la corruption dans son pays.
La majorité de droite du Parlement européen a tenté in extremis d’affaiblir un rapport réclamant une loi européenne de protection des lanceurs d’alerte, qui a finalement été adopté une large majorité.

Dans la foulée des scandales des LuxLeaks, Panama Papers et Monsanto Papers, l'opinion publique a massivement soutenu l'idée d'une protection adéquate pour les lanceurs d'alerte,  en Europe, aujourd'hui lacunaire.

Un soutien populaire qui a rendu impossible le boycott du rapport d'initiative de la députée radicale de gauche Virginie Rozière visant à renforcer la protection des lanceurs d'alerte.

Proposition absurde du PPE

En revanche, le PPE a, au dernier moment, proposé un amendement visant à obliger les lanceurs d'alerte à commencer par donner l'alerte au sein de leur propre entreprise. Une proposition absurde, tant le lanceur d'alerte se ferait alors immédiatement remettre à sa place par l'entreprise qui l'emploie.

Le texte limitait aussi le droit du lanceur d'alerte à avertir les médias pour faire écho de ses inquiétudes.

Ces deux amendements n'ont au final pas été adoptés, le Parlement offrant même une majorité confortable, soit 399 voix pour, au rapport d'initiative de l'eurodéputée française, qui s'est dite « très satisfaite ».

Hommage à la journaliste anticorruption assassinée le 24 octobre

Juste avant le vote, le Parlement européen avait observé une minute de silence, mardi 24 octobre, en hommage à la journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia, assassinée la semaine dernière.

La journaliste enquêtait sur la corruption dans son pays, qu'elle concerne la majorité en place ou l'opposition.

« Cet hommage a quelque chose d'indécent de la part du PPE, qui a jusqu'au bout refusé un débat sur la question des lanceurs d'alerte, pour éviter d'avoir à exposer ses contradictions », estime Virginie Rozière.

Les écologistes européens ont demandé la désignation d'un enquêteur international à Malte, et appelé à la démission du gouvernement maltais.

Les Verts ont aussi appelé à une enquête sérieuse de la Commission européenne sur le respect des règles sur le blanchiment d'argent à Malte, et à mettre en place un prix européen pour le journalisme d'investigation.

Face à celà, la présidence du Parlement s'est borné à assurer que la salle de presse du Parlement européen serait baptisée du nom de la journaliste disparue.

L'extrême-droite vote contre le rapport d'initiative

Une centaine de parlementaires d'extrême-droite, dont la majorité de l'extrême-droite française, mais aussi de la droite britannique, ont voté contre le rapport d'initiative.

La droite française, elle, a surtout voté pour, à l'exception de quelques élus qui se sont abstenus, comme Michèle Alliot-Marie, Philippe Juvin, Marc Joulaud et Michel Dantin.

Fiscalité, corruption, mais aussi santé publique...

Le rapport appelle la Commission européenne, seule à détenir l'initiative législative, à proposer rapidement un texte de loi protégeant les lanceurs d'alerte, et établit d'ores et déjà une définition assez large de la fonction, pour que les lanceurs d'alerte puissent agir sur les sujets comme la fiscalité, la lutte contre la corruption, la santé publique et l'environnement.

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Par Aline Robert, Euractiv.fr

(Article publié le mardi 24 octobre 2017)

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