Sur le dossier Alstom, "Hollande et Montebourg ont surtout voulu soigner leur ego"

Par Propos recueillis par Ivan Best  |   |  189  mots
Marc Ivaldi, Toulouse School of Economics (TSE), spécialiste des questions industrielles
Pour l'économiste Marc Ivaldi, professeur à la Toulouse School of Economics, "rien ne justifie l'entrée de l'Etat dans le capital d'Alstom". Le seul gagnant de l'opération est Bouygues, qui vend sa participation à un prix élevé

-L'Etat va finalement entrer dans le capital d'Alstom à hauteur de 20%. Est-ce une bonne opération?

-J'en doute. Je ne vois pas la la logique de cette prise de participation. Il s'agit, dit-on de contrôler les engagements pris par General Electric, notamment en matière d'emploi. Mais si les ventes vont mal, dans un an, on interdira donc les ajustements? Cela ne tient pas debout. En outre, l'Etat n'a pas ses deux milliards d'euros nécessaires, correspondant à 20% du capital. Il va devoir vendre une participation par ailleurs pour financer cette opération, pas forcément dans de bonnes conditions.

-Pourquoi cette décision, alors?

-Je crois qu'il y a de la politique, plus que de l'industrie, derrière tout cela. Il a fallu donner des gages Arnaud Montebourg. Hollande et Montebourg ont voulu soigner leur ego, en montrant que l'Etat agissait. Tout cela revient cher. Toute cette agitation, la mise en concurrence de GE par Siemens, organisée par le gouvernement, ont fait monter le cours du titre Alstom de 35% depuis mars. Le grand gagnant, dans ces conditions  c'est Bouygues, qui va pouvoir vendre sa participation à un bon prix