Accord trouvé entre Bouygues et l'Etat sur le prix d'Alstom

Par latribune.fr  |   |  851  mots
Hollande suspend toute alliance entre Alstom et GE à un accord sur le prix de de cession des actions détenues par Bouygues
Un accord est finalement trouvé sur le prix des actions Alstom que l'Etat va acheter à Bouygues. Le conseil d'administration d'Alstom devra se prononcer avant lundi sur l'offre de GE

Même si des questions restent pendantes, la principale source de blocage a été levée ce samedi: l'Etat et Bouygues se sont mis d'accord sur le prix de vente des deux tiers de la participation du spécialiste du BTP dans Alstom (soit 20% du capital de l'énergéticien). Les modalités de cet accord ne sont pas encore connues.

François Hollande avait prévenu ce samedi midi: sans entrée de l'Etat au capital d'Alstom, et donc sans accord avec Bouygues, l'alliance projetée avec General Electric n'aurait pas lieu. Ce préalable étant levé, reste une question principale: Alstom va-t-il accepter les conditions de l'État pour s'allier avec l'américain General Electric?

Qui va trancher et quand?

C'est le conseil d'administration d'Alstom qui doit trancher et dire s'il accepte ou non de rentrer en négociations exclusives avec General Electric (GE). Et le temps presse car l'offre de l'américain expire lundi et son patron Jeff Immelt a déjà prévenu que la date "resterait intacte". Comprendre: il ne prolongera pas son offre.

Le gouvernement français a annoncé vendredi soir préférer l'offre de l'américain GE, à celle déposée par le tandem germano-nippon Siemens/Mitsubishi Heavy Industries et son intention d'entrer au capital d'Alstom à hauteur de 20% afin d'exercer sa "vigilance patriotique", selon les mots du ministre de l'Économie Arnaud Montebourg.

 

Nouvelle réunion du Conseil d'administration d'Alstom

Le Conseil d'administration d'Alstom s'est réuni une première fois vendredi soir, pour étudier ces nouvelles conditions. Mais il s'agissait surtout d'une réunion technique. Les administrateurs vont donc à nouveau se réunir, "vraisemblablement ce samedi ou demain" et donner leur décision finale avant l'ouverture de la Bourse de Paris, lundi à 9H00, où est cotée l'action Alstom.

Un communiqué doit être diffusé dans la journée samedi, a par ailleurs indiqué à l'AFP une source proche, sans préciser si ce dernier serait décisif ou pas.

De son côté, François Hollande a dit compter sur "des avancées d'ici la fin de journée"

Quel prix pour la participation de Bouygues dans Alstom?

L'État et Bouygues avaient eux aussi jusqu'à lundi 9H00 pour s'entendre sur les modalités de rachat des 20% du capital d'Alstom que détient Bouygues.

Et les discussions ne semblaient pas bien enclenchées samedi matin. Mais un accord a été trouvé dans l'après midi, dont les modalités ne sont pas encore connues.

D'un côté Bouygues cherchait à vendre la totalité de sa participation (29,4%), qu'il valorise dans ses comptes 3,07 milliards d'euros, après avoir dû passer une dépréciation de 1,4 milliard d'euros en 2013. Le groupe a payé sa participation relativement cher, selon des analystes. Au plus fort, l'action valait 55 euros en 2010. Contre 28, vendredi à la clôture. Et surtout, il a besoin d'argent, notamment pour relancer Bouygues Telecom. Une source au fait des discussions a indiqué que Bouygues chercherait à vendre sa participation à 35 euros par titre.

1,7 milliard d'euros au prix du marché

De l'autre côté, l'État ne pouvait pas de son côté paraître dispendieux et devait montrer qu'il avait tout fait pour négocier au plus serré avec Bouygues. Il proposait de racheter les actions au prix du marché. Soit un montant de 1,7 milliards d'euros.

Face à des discussions qui s'annonçaient difficiles vendredi, une source proche du dossier se voulait rassurante et "n'imaginait pas une seconde que chacun ne prennent pas ses responsabilités face à cette alliance".

Et François Hollande avait prévenu samedi : "S'il n'y avait pas ces avancées, s'il n'y avait pas cette vente à un prix qui pour le gouvernement soit acceptable alors il y aurait nécessairement à revenir sur l'alliance telle qu'elle vient d'être annoncée" avec l'américain General Electric.

L'anti Florange ?

Dés vendredi, le gouvernement faisait de l'auto-satisfaction dans la gestion de ce dossier.

"Alstom aujourd'hui serait sans conditions dans les mains de General Electric depuis des mois si nous n'étions pas intervenus", se félicitait le Premier ministre Manuel Valls. "Fluidité dans la méthode et résultats, cohérence gouvernementale : l'État a été très professionnel. Ça a été dur mais ça a été une très bonne négociation", assurait même vendredi soir un proche du président de la République.

Ce dossier est présenté comme "l'Anti Florange". Alors ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg avait alors proposé que l'État nationalise le site d'Arcelor-Mittal à Florange, idée que le Premier ministre de l'époque, Jean-Marc Ayrault, avait sèchement balayée.

Cette fois, le ministre, qui a combattu le premier projet d'alliance entre Alstom et GE, soutient avec l'appui du gouvernement et de l'Elysée, la nouvelle offre, améliorée. L'issue des négociations avec Bouygues reste maintenant déterminante pour le gouvernement, qui, coincé entre la crise des intermittents et la grève à la SNCF, aurait bien besoin d'une sortie par le haut.

La Commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale vient par ailleurs d'ajouter à son programme l'audition d'Arnaud Montebourg mardi en fin d'après-midi sur "l'avenir d'Alstom".