Le Rafale "technologie du passé" selon le roi de Bahreïn

Par latribune.fr  |   |  508  mots
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C'est la nouvelle révélation apparue sur Wikileaks ce mardi. Sur le site Internet qui a décidé de dévoiler le contenu de 250.000 courriers à usage diplomatique, on peut lire la retranscription d'une conversation entre le roi Hamad ben Isa al Khalifa et le général américain David Petraeus. Le souverain de Bahreïn aurait également prévenu son allié américain que les Emirats arabes unis donneraient "bientôt du fil à retordre" à la France au sujet d'un potentiel contrat dans le secteur nucléaire.

Les ambitions françaises d'exporter le Rafale pourraient subir un nouveau coup après la publication par WikiLeaks de documents américains classés dans lesquels il apparaît que le roi de Bahreïn qualifie l'avion de combat Rafale de Dassault Aviation de "technologie du passé".

Selon un câble diplomatique diffusé sur le site internet de WikiLeaks, qui a divulgué cette semaine 250.000 documents américains, le roi Hamad ben Isa al Khalifa a émis cette critique en novembre 2009 lors d'une conversation avec le général américain David Petraeus, alors à la tête du Commandement central américain.

Dassault Aviation s'est refusé à tout commentaire dans l'immédiat. Selon ce document, le roi du Bahreïn avait demandé à David Petraeus d'inciter les avionneurs américains à participer au premier salon aérien de l'histoire de son pays, prévu en janvier 2010.

"Il a déclaré que la France poussait le Rafale et serait là en force, bien qu'il ait convenu avec Petraeus que le chasseur français était une technologie du passé", peut-on lire dans ce document de l'ambassade des Etats-Unis à Manama.

Le royaume bahreïni est un des nombreux pays du Golfe qui souhaitent renouveler leur flotte aérienne militaire dans un contexte régional de course à l'armement en partie attisée par les ambitions nucléaires de l'Iran, selon des analystes.

Bahreïn achète l'essentiel de ses armes aux Etats-Unis et n'est pas considéré comme le marché le plus prometteur pour le Rafale, mais ces remarques viennent s'ajouter à une série de revers pour l'avion que la France n'a toujours pas réussi à vendre à l'étranger.

Les Emirats arabes unis, acquéreurs potentiels, ont demandé à ce que les moteurs de l'appareil soient améliorés pour gagner en puissance, mais des sources du secteur aéronautique affirment que les négociations avec Paris sont au point mort depuis que les Emirats ont demandé des informations techniques sur le F/A-18 de l'américain Boeing.

En 2007, le ministre de la Défense d'alors, Hervé Morin, avait formulé une critique inverse, jugeant que le Rafale était trop sophistiqué pour être exporté. La France a également entamé des discussions avec le Koweït, selon un haut responsable français, et espère vendre le Rafale au Brésil, mais Brasilia n'a toujours pas donné de réponse.

Selon ce même document, le roi du Bahreïn aurait également dit au général David Petraeus que les Emirats arabes unis donneraient "bientôt du fil à retordre" à Nicolas Sarkozy au sujet d'un potentiel contrat pour des réacteurs nucléaires. Un mois plus tard, les Emirats ont conclu l'affaire avec un groupe sud-coréen aux dépens d'un consortium d'entreprises françaises, dont Areva.

Les fuites de documents américains dans la presse, dont WikiLeaks est à l'origine, ont provoqué un tollé dans les capitales occidentales.

La France s'est dite prête à travailler avec les Etats-Unis sur les conséquences diplomatiques de ces publications et s'est refusé à confirmer les propos attribués à ses dirigeants dans ces documents.