Anne Lauvergeon met déjà EADS en ébullition

Par Michel Cabirol  |   |  501  mots
Anne Lauvergeon crée la polémique au sein d'EADS Copyright Reuters
Avec l'appui de l'Elysée, Anne Lauvergeon s'imagine dans le fauteuil du président du conseil d'administration d'EADS. Ce qui fait grincer les dents au sein du groupe d'aéronautique et de défense, qui a obtenu en décembre une nouvelle gouvernance censée réduire l'influence des Etats.

Crise de nerfs chez EADS... Pas encore nommée au conseil d'administration, l'ancienne PDG d'Areva, Anne Lauvergeon, fait déjà grincer les dents au sein du groupe aéronautique. Cela promet. Chez EADS, on n'apprécie pas - et c'est le moins qu'on puisse dire - qu'Atomic Anne, avec l'appui de l'Etat français, s'imagine déjà dans le fauteuil du président du conseil d'administration du groupe européen à la place d'Arnaud Lagardère sur le départ. "Le conseil d'administration d'EADS est souverain", insiste-t-on au sein du groupe. Et de rappeler que Paris a accepté la nouvelle gouvernance du groupe, qui est censée réduire l'influence des Etats dans la gestion du groupe ainsi que dans ses décisions stratégiques. "L'Etat français n'est pas au conseil d'EADS, donc il ne nomme, ni n'élit personne à la présidence du conseil", fait-on valoir.

Mais chasser le naturel, il revient au galop. Ainsi le gouvernement français est favorable à la nomination d'Anne Lauvergeon à la présidence non exécutive d'EADS à la place d'Arnaud Lagardère, selon l'agence Reuters. "En tant qu'actionnaire, nous pensons qu'elle a toutes les qualités requises pour être présidente non exécutive d'EADS, selon les services du Premier ministre interrogés par Reuters. Les Allemands sont sur la même ligne et sont d'accord avec ce choix". De quoi donner une crise d'urticaire à la direction d'EADS, qui est en rage. A l'image de Berlin, qui a revendiqué plus de charge de travail chez Airbus en Allemagne il y a quelques jours, Paris tente d'imposer Anne Lauvergeon à la présidence du conseil. EADS n'en a pas encore fini avec les exigences des Etats. En mars, l'assemblée générale extraordinaire devrait pourtant valider l'accord obtenu en décembre sur une nouvelle gouvernance à la suite de l'échec du rachat de BAE Systems par EADS provoqué par Berlin.

Anne Lauvergeon et Jean-Claude Trichet au conseil  

Dimanche soir, l'Agence des participations de l'Etat a indiqué avoir "reçu, vendredi 25 janvier, de Tom Enders, Chief Executive Officer d'EADS, une lettre demandant l'approbation de l'Etat français sur les noms de trois administrateurs proposés pour siéger dans la holding de défense française prévue par les accords de gouvernance signés en décembre 2012". Conformément à ces accords, deux de ces administrateurs devront être retenus pour figurer dans la liste de douze administrateurs composant le conseil d'EADS et soumise à l'approbation de l'assemblée générale de la société. Les trois administrateurs proposés sont Anne Lauvergeon, Jean-Claude Trichet et le général Bernard Thorette, l'ancien chef d'état-major de l'armée de terre. "Une réponse approuvant ces trois nominations sera adressée à EADS dans les prochains jours", a précisé l'APE. La lettre de Tom Enders indique que "le comité des nominations du conseil d'administration d'EADS a d'ores et déjà retenu Anne Lauvergeon et Jean Claude Trichet comme administrateurs d'EADS dans l'hypothèse où cette approbation serait transmise".