« Mon avion consomme 20% de moins que le tien ». « Oui mais, le mien a un rayon d'action de 500 kilomètres de plus ». La bataille des chiffres entre Airbus et Boeing concernant la performance de leurs appareils a toujours existé. Elle se joue même au tribunal quand le constructeur européen a poursuivi son rival américain au sujet d'une publicité de son concurrent américain dans le magazine britannique Flight International en affirmant que le 747-8, nouvelle version de son 747, représentait un "avantage de coût de 26%" pour chaque vol par rapport à l'A380 et était "8% plus efficace" en termes de consommation de kérosène par siège. Pour Airbus « la comparaison faite en fonction de la consommation de kérosène par siège doit prendre en compte la configuration actuelle des sièges et le niveau de confort appliqué par les compagnies aériennes". "Dans ces conditions comparables, l'A380 (...) consomme significativement moins de carburant par siège que le 747-8", a indiqué Airbus qui estime, au regard des ventes (105 commandes pour le 747-8, dont  65 pour la version cargo contre 262 A380), que "le marché a rendu un verdict clair".

Lecteurs avisés

Mais l'autorité britannique de surveillance de la publicité (ASA) ne l'a pas entendu de cette oreille. Elle a, ce mercredi, débouté Airbus estimant que Boeing n'a pas trompé les lecteurs. Selon l'ASA, les lecteurs "experts" d'une revue spécialisée dans l'aéronautique n'étaient pas dupes, étant habitués à ce genre de comparaisons, aussi imparfaites soient-elles. "Le public visé devait comprendre que les comparaisons sont fondées sur des modèles et des hypothèses, être familier des méthodes de comparaison utilisées", estime l'autorité britannique. Les lecteurs potentiellement impliqués dans le choix d'un avion pour une compagnie aérienne n'auraient sans doute pas décidé en faveur d'un modèle plutôt que l'autre "sans chercher à obtenir beaucoup plus d'informations sur les avantages potentiels de l'appareil, sur la base de leur propres besoins spécifiques", ajoute encore l'ASA. Ce qui est vrai. L'achat d'un avion par rapport à un autre découle d'un long processus d'évaluation et de comparaison des appareils (lire ici : vous voulez acheter un Airbus ou un Boeing, voilà comment ça se passe ». Alors qu'Airbus a maintenu ses arguments, son directeur commercial John Leahy a lancé une pique à Boeing en déclarant que "les hypothèses de Boeing concernant les sièges sont aussi obsolètes et dépassées que le 747".

Difficultés de choisir un avion
Savoir si un avion est plus performant qu'un autre est toujours très délicat. Surtout lorsqu'il s'agit d'appareils qui n'existent que sur le papier comme l'A350 ou le B777. En effet, il y a (quasiment) toujours un écart de performance entre ce qui est proposé et la réalité. Ensuite pour des avions déjà existants, un appareil peut être meilleur que son rival pour une compagnie mais pas pour une autre. Cela peut dépendre de la configuration des cabines choisies par la compagnie aérienne, de la durée des vols sur laquelle elle opère, sur le type de marché sur lequel est positionné l'avion (y-a-t-il un marché fret ou pas)...