L’aéronautique française craint d’être privée de titane par Moscou

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  481  mots
L'industrie aéronautique française pourrait manquer de titane, métal utilisé notamment dans la fabrication d'avions et de réacteurs, si la crise ukrainienne entraînait une dégradation des relations commerciales avec Moscou, a estimé lundi Marwan Lahourd, président du Gifas

Manquer de titane, ce métal crucial dans la fabrication d'avions et des réacteurs : c'est la crainte des industriels de l'aéronautique française si la crise ukrainienne débouchait sur une dégradation des relations commerciales avec Moscou.

"A ce stade, l'impact est nul. Les coopérations civiles se poursuivent, que ce soit la participation des équipementiers français dans les programmes d'avions russes (Sukhoi et MS-21), la production de morceaux d'A320 en Russie, ou la commercialisation des fusées Soyouz par Arianespace. Si cela devait aller plus loin, l'impact serait négatif, mais plus au détriment des programmes russes même si ça aurait un impact sur notre activité. En revanche, l'approvisionnement en titane est lui problématique", a indiqué ce lundi Marwan Lahoud, directeur de la stratégie lors de la présentation du bilan commercial du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) qu'il préside.

 Le Kazakhstan, une alternative

"La Russie est un gros exportateur de titane et fournit la moitié des besoins de la filière aéronautique en France". Pour autant, le numéro 2 d'Airbus Group (ex EADS) s'est voulu rassurant. "L'approvisionnement fait l'objet de contrats à long terme, l'industrie dispose de stocks et enfin, il existe d'autres producteurs, comme le Kazakhstan", a-t-il déclaré.

D'après le Service géologique des Etats-Unis (United States Geological Survey), le Kazakhstan est le quatrième producteur mondial de titane, derrière la Chine, le Japon et la Russie et devant l'Ukraine.

 73,1 milliards de prises de commandes en 2013

Marwan Lahoud a par ailleurs fait état des excellents chiffres de l'industrie aéronautique française. En 2013, le chiffre d'affaires des membres du Gifas a progressé de 9%, à 47,9 milliards d'euros, tandis que les prises de commandes ont bondi de 49%, à 73,1 milliards d'euros.

"Notre industrie a une nouvelle fois montré qu'elle était un pôle d'excellence technologique et économique, qu'elle disposait d'une filière cohérente, dynamique et solidaire", a déclaré Marwan Lahoud. La chaîne de fournisseurs s'est illustrée en s'adaptant à la hausse des cadences des donneurs d'ordres.

"Nous avons suivi nos clients, nous avons pris des risques et nous avons réussi la montée en cadence (...) avec de gros efforts d'investissements et de recrutement", a indiqué Emmanuel Viellard, président du groupe équipement au sein du Gifas. Les PME et les grands équipementiers ont investi au-delà de leur capacité d'auto-financement en ayant recours à l'emprunt ou à des augmentations de capital. Et ils ont augmenté leurs effectifs de 7%, a-t-il ajouté.

 Frein sur les embauches

Après avoir embauché 15.000 personnes en 2012 et 13.000 en 2013, les membres du Gifas prévoient 10.000 embauches en 2014, pour une création nette d'emplois positive mais inférieure aux 6.000 enregistrés en 2013. "2014 est une année de récupération. Ce n'est pas la fin de l'histoire, mais on fait une pause", a expliqué Marwan Lahoud. Au total, la filière compte 177 000 personnes.