Rarissime. Alors que les annulations de commandes d'avions émanent dans la quasi-totalité des cas du client en raison de difficultés financières, d'un changement de marché ou d'une insatisfaction du produit, Airbus inverse cette fois le rapport de force. Ce jeudi, l'avionneur a, en effet, annulé un contrat passé avec Qatar Airways portant sur 50 A321 NEO.
"Nous confirmons que nous avons effectivement mis fin au contrat sur 50 A321 avec Qatar Airways, conformément à nos droits", a dit un porte-parole du constructeur aéronautique européen à Reuters, confirmant une information de Bloomberg News.
Qatar Airways, qui n'a fait aucun commentaire dans l'immédiat, devrait contester cette annulation puisque la compagnie avait bien indiqué ces dernières semaines qu'elle attendait bel et bien prendre livraison des A321. Conclu il y a dix ans, le contrat s'élevait à l'époque à 4,6 milliards de dollars aux prix catalogue. Il avait ensuite été modifié pour intégrer 10 exemplaires de la nouvelle version de l'A321.
21 A350 immobilisés
Une telle annulation constitue une nouvelle étape dans le contentieux qui l'oppose à la compagnie du Golfe sur l'A350. Ce dernier porte notamment sur la dégradation des peintures et l'érosion d'une couche de protection, que la compagnie considère comme des défauts de conception. Selon Qatar Airways, la direction de l'aviation civile du Qatar lui a ordonné de cesser de faire voler 21 de ses 53 A350 en raison de ces problèmes.
Une immobilisation pour laquelle le transporteur demande 618 millions de dollars (546 millions d'euros) d'indemnités auxquels s'ajoutent quatre millions supplémentaires par jour supplémentaire sans solution. Le Qatar est pour l'instant le seul pays au monde à avoir immobilisé des A350. Airbus, de son côté, reconnaît l'existence de problèmes techniques mais réfute tout problème de sécurité.
L'Agence de sécurité de l'aviation de l'Union européenne (EASA), qui a autorité en matière de conception des avions mais ne délivre pas les autorisations de vol dans l'Union européenne, a déclaré n'avoir à ce stade identifié aucun problème de sécurité sur les A350 qu'elle a inspectés. Airbus a rejeté "en totalité" la plainte et reproche à Qatar Airways, entreprise publique, d'avoir influencé son autorité de tutelle pour obtenir l'immobilisation des avions concernés dans le but d'obtenir une indemnisation.
Le constructeur aéronautique européen a confirmé cette décision quelques heures seulement après l'annonce par la justice britannique que la première audience sur ce différend commercial aurait lieu durant la semaine du 26 avril. En effet, Qatar Airways a porté le différend en justice et avait saisi en décembre la Haute Cour de Justice britannique. Airbus préconisait plutôt de recourir à un arbitrage indépendant.
(Avec Reuters)