Boeing 737 MAX : un ordinateur peut contraindre l'avion à piquer du nez brusquement

Par latribune.fr  |   |  735  mots
Les informations récupérées la semaine dernière de l'enregistreur de vol de l'avion de Lion Air ont conduit la FAA à publier d'urgence une consigne mettant en garde les pilotes qu'un ordinateur du 737 MAX était susceptible de contraindre l'appareil à descendre à toute vitesse pendant une période pouvant aller jusqu'à 10 secondes et ce même en cas de pilotage manuel. Une procédure existe pour empêcher cela.

En service depuis plus d'un an seulement, le B737 MAX, la dernière version remotorisée du célèbre appareil moyen-courrier de Boeing, devra-t-il être modifié? Selon Reuters, la FAA (Federal Aviation Administration), l'autorité de l'aviation civile américaine, et Boeing étudient la possibilité de modifier l'informatique, voire la conception, du 737 MAX, à la lumière de l'accident d'un avion de ce type de la compagnie aérienne indonésienne Lion Air, qui a fait 189 morts le 29 octobre dernier. L'avion était tout neuf. Il avait été livré en août.

Dans un communiqué publié mardi, la FAA estime que les procédures opérationnelles définies pour le 737 MAX et la formation pour ce type d'avion pourraient évoluer à mesure que le régulateur et Boeing en apprennent davantage sur les circonstances de l'accident.

Un ordinateur peut contraire l'avion à descendre à toute vitesse

Des informations récupérées la semaine dernière de l'enregistreur de vol de l'avion de Lion Air ont conduit la FAA à publier d'urgence une consigne mettant en garde les pilotes qu'un ordinateur du 737 MAX était susceptible de contraindre l'appareil à descendre à toute vitesse pendant une période pouvant aller jusqu'à 10 secondes et ce même en cas de pilotage manuel, ce qui, le cas échéant, rend le contrôle de l'avion difficile. Les pilotes peuvent empêcher cette réponse automatique de l'avion en appuyant sur deux boutons en cas de comportement inhabituel du système, a précisé la consigne. Mais la question se pose aujourd'hui pour savoir si les pilotes sont suffisamment formés pour bien réagir à ce type de situation et de combien de temps ils disposent pour le faire.

Ce mardi, le Wall Street Journal est revenu sur ce point, en évoquant les dangers potentiels liés au système anti-décrochage des 737-MAX 8 et 737-MAX 9. Citant des experts de la sécurité impliqués dans l'enquête, des responsables de la FAA et des pilotes de ligne, le journal américain indique que le système automatisé pour éviter le décrochage des 737-MAX 8 et 737-MAX 9 peut "dans des conditions (de vol) inhabituelles" faire piquer du nez ces moyen-courriers, "de façon si brusque que les équipages ne seraient pas en mesure de cabrer l'avion", ce qui l'entraînerait dans un piqué et un potentiel accident.

Un tel scénario aurait été évoqué avec les compagnies clientes dans un bulletin de sécurité seulement une semaine après l'accident, selon le Wall Street Journal, relevant la "surprise de nombreux pilotes" d'apprendre une telle nouvelle. Cette information est d'autant plus problématique que les pilotes n'ont pas pu être entraînés à l'éventualité d'un tel dysfonctionnement technique.

Rapport d'enquête préliminaire fin novembre

Les enquêteurs indonésiens ont dit qu'un dispositif conçu pour faire face à un accident de ce type ne figurait pas dans le manuel de vol. Les enquêteurs ont appelé à un complément de formation des pilotes du 737 MAX. Des syndicats de pilotes américains ont dit dans la foulée qu'ils n'étaient pas non plus au courant de ce nouveau système anti-décrochage. La semaine dernière, Boeing a dit avoir adressé une note aux compagnies aériennes rappelant aux pilotes le comportement à adopter en cas de données erronées en provenance des capteurs d'incidence (AOA, Angle of attack sensor) à la suite de l'accident. Les capteurs en question, aussi appelés sondes d'angle d'attaque, donnent l'angle de vol de l'appareil et sont potentiellement des avertisseurs de décrochage

Les autorités indonésiennes envisagent de publier le 28 ou le 29 novembre leur rapport d'enquête préliminaire sur accident

Le B737 MAX est un appareil très sûr" (DG Boeing)

Interrogé sur Fox Business Network, le directeur général de Boeing Dennis Muilenburg a déclaré que le constructeur fournissait "toutes les informations nécessaire pour faire voler nos avions en toute sécurité", ajoutant que le 737 MAX était un appareil "très sûr".

"Dans certaines situations de défaillance, si l'avion reçoit des informations erronées du capteur d'incidence, il y a une procédure pour y remédier."

Depuis l'annonce de l'accident, l'action Boeing est en repli de 2,7%, ce qui ne l'empêche pas d'afficher une hausse d'encore 18,5% depuis le début de l'année contre un gain de 2,3% pour le Dow Jones sur la période.

(avec AFP et Reuters)