L’Allemagne prête à débloquer la vente d’avions de chasse Eurofighter à l’Arabie saoudite

Par latribune.fr  |   |  537  mots
Le programme Eurofighter est conduit par le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne et rassemble les industriels BAE Systems, Airbus et Leonardo. (Crédits : INTS KALNINS)
L'Allemagne est désormais disposée à autoriser de nouvelles ventes d'avions de combat Eurofighter à l'Arabie saoudite, a déclaré dimanche la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, alors que le veto allemand bloque un contrat conclu il y a plusieurs années.

Alors qu'elle bloquait les ventes d'armes à l'Arabie saoudite depuis l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi fin 2018 (imputé au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane par les renseignements américains), et notamment une commande de 48 Eurofighter Typhoon, l'Allemagne est désormais disposée à autoriser de nouvelles ventes de cet avion de combat, dont le programme est conduit par le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne et rassemble les industriels BAE Systems, Airbus et Leonardo. C'est ce qu'a indiqué dimanche la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

« Nous ne nous voyons pas, en tant que gouvernement fédéral allemand, nous opposer aux considérations britanniques sur d'autres Eurofighter », a-t-elle déclaré à des journalistes lors d'un voyage en Israël, soulignant le rôle constructif joué par l'Arabie saoudite dans la crise sécuritaire au Proche-Orient depuis l'attaque du Hamas palestinien contre Israël le 7 octobre.

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« L'Arabie saoudite et Israël n'ont pas renoncé à leur politique de normalisation »

Lors de sa visite en Israël, Annalena Baerbock a souligné que l'Arabie saoudite et Israël n'avaient « pas renoncé à leur politique de normalisation » après l'attaque du 7 octobre. « Le fait que l'Arabie saoudite intercepte désormais les missiles tirés par les Houthis sur Israël le souligne, et nous en sommes reconnaissants », a-t-elle ajouté. « Le fait que l'armée de l'air saoudienne utilise également des Eurofighter dans ce cadre est un secret de polichinelle », a poursuivi la ministre.

« L'Arabie saoudite contribue de manière déterminante à la sécurité d'Israël, même ces jours-ci, et elle contribue à endiguer le risque d'une conflagration régionale », a-t-elle ajouté.

Une bonne nouvelle pour Airbus

L'embargo de l'Allemagne irrite depuis plusieurs années ses partenaires britannique et français. Cette position arrêtée sous le mandat de l'ex-chancelière conservatrice Angela Merkel a été ancrée dans le contrat de coalition de la coalition SPD-Verts-libéraux du chancelier Olaf Scholz, les écologistes - parti d'Annalena Baerbock - étant particulièrement fermes dans ce refus du fait, également, du rôle de l'Arabie saoudite dans la guerre au Yémen.

« Le monde, en particulier ici au Moyen-Orient, est devenu un endroit complètement différent depuis le 7 octobre », a justifié Annalena Baerbock dimanche.

Le ton était de nouveau monté en novembre contre l'attitude de Berlin, le président d'Airbus, Guillaume Faury, estimant que ce gel des ventes entachait la « crédibilité » de l'Allemagne vis-à-vis de ses partenaires. Ryad a demandé en octobre au principal concurrent de l'Eurofighter, le français Dassault Aviation, de lui présenter un devis pour l'acquisition de 54 avions de combat Rafale.

« Cela crée une situation très difficile avec les pays partenaires de l'Eurofighter qui ont manifestement l'intention de pouvoir l'exporter », avait déclaré le président d'Airbus.  S'il disait percevoir une « tendance positive vers un apaisement de la situation », cela « ne va pas au rythme dont nous aurions besoin, du moins celui que nous estimons nécessaire chez Airbus », avait-t-il ajouté, demandant des « décisions claires et visibles à ce sujet afin de permettre les exportations d'Eurofighter vers l'Arabie saoudite ».

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 (Avec AFP)