Un seul pilote dans les Airbus et les Boeing, c'est pour bientôt selon Thales

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  538  mots
Pour Patrice Caine, le PDG de Thales, le passage de deux pilotes à un seul dans les cockpits pourrait devenir une réalité d'ici à quelques années. Les grands avionneurs le prévoient entre 2020 et 2023.

La réduction du nombre de pilotes dans les cockpits est-elle pour bientôt ? Oui, pour Patrice Caine, le PDG de Thales, qui a évoqué les travaux sur la « révolution du Single Pilot Operation (SPO) », le passage de deux pilotes dans le cockpit à un seul.

"Les grands avionneurs parlent d'un horizon 2020-2023"

Le passage à un pilote pourrait se faire à un horizon relativement proche pour Patrice Caine, qui précise que "les technologies sont matures" et que Thales -qui conçoit de nombreux équipements de l'avionique des cockpits- serait en mesure de répondre à des appels d'offres d'ici à la fin de l'année si un avionneur le décidait.

« Cela prendra quelques années, mais pas 10 ans. Quand vous écoutez les grands avionneurs, ils parlent d'un horizon 2020, 2021, 2022, 2023. Cela dépend de ce qu'ils mettent derrière cette réalité. Pour le niveau de SPO qu'ils visent à cet horizon-là, je n'ai pas de doute qu'on va y arriver. Mais passer à de l'intelligence artificielle certifiable, c'est probablement à plus long terme », a-t-il déclaré ce vendredi devant l'association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace (AJPAE).

Interrogé, Airbus confirme "travailler sur un projet visant à réduire le nombre de pilotes sur les vols long-courriers A350 avec une éventuelle mise en service autour de 2023".  "Nous cherchons à réduire l'équipage de 3-4 pilotes aujourd'hui à seulement 2 pilotes demain. Il en restera un dans le cockpit tandis que le second se reposera", indique-t-on chez l'avionneur.

Pour rappel, le pilotage à deux constitue depuis des décennies la norme sur tous les appareils court et moyen-courriers. Ce qui n'est pas le cas sur les avions long-courriers qui se pilotent à deux, trois, voire quatre, en fonction de la durée du vol, mais aussi des pratiques de certaines compagnies aériennes (sur l'Atlantique Nord, Air France a deux pilotes quand les compagnies américaines en ont trois).

Turbulences sociales à prévoir

Un tel scenario, s'il se réalisait, créerait de fortes turbulences chez les pilotes. Le bras de fer qui avait eu lieu au début des années 1980 à Air France quand le PDG de l'époque, Pierre Giraudet, avait voulu passer de 3 à 2 pilotes sur les B737 en supprimant le poste de mécanicien, est encore dans tous les esprits. Le débat sur la sécurité des vols avait fortement animé les négociations sur le sujet, qui avaient duré plus d'un an.

Avec le passage à un pilote, la question va forcément se poser à nouveau. Et susciter de vifs débats.  "Il faut prendre ce sujet sous l'angle de l'efficacité et de la sécurité. Nous pouvons nous poser la question technique ou philosophique de savoir si une machine fait moins d'erreurs que l'être humain ou si la combinaison d'un cerveau humain et d'un cerveau artificiel n'est pas plus sûre, plus performante que deux cerveaux humains", a expliqué Patrice Caine, en précisant que le pilote dans l'avion sera probablement assisté d'un pilote au sol.

Pour autant, au-delà du volet sécurité, il y a aussi un volet social lié à la réduction de la taille de l'équipage. Le "Single Pilot Operation" sera en effet la dernière étape avant l'arrivée un jour de l'avion commercial sans pilote.