John Galliano voit défiler ses accusateurs

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  574  mots
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Suspendu de ses fonctions, le célèbre créateur de la maison Dior a été confronté ce lundi à trois personnes qui l'accusent d'avoir proféré des injures antisémites.

John Galliano, créateur vedette de la maison de haute couture Christian Dior, a dû se prêter lundi dans un commissariat à une longue confrontation avec des personnes qui l'accusent d'injures antisémites. Cette procédure menace la carrière de ce prestigieux styliste britannique de 50 ans, qui dirige depuis 1996 la création de Dior, propriété de Dior SA, holding de contrôle de LVMH, numéro un mondial du luxe.

L'association SOS-Racisme a annoncé qu'elle se joindrait aux plaignants et appuierait les poursuites. "Déjà épinglé pour des propos d'une extrême gravité, M. Galliano semble avoir ajouté à l'ignominie de ses paroles la lâcheté d'un déni", dit l'association dans un communiqué.

John Galliano, suspendu de ses fonctions par Dior vendredi dernier, a été confronté durant quatre heures à deux personnes qui l'accusent d'avoir proféré des injures antisémites jeudi dernier dans un bar du quartier du Marais à Paris, dit-on de source proche du créateur. Dans les locaux du commissariat du IIIe arrondissement, entouré d'une nuée de journalistes, il devait ensuite être interrogé sur les faits allégués par une troisième plaignante, qui s'est manifestée samedi à la police et dit avoir été aussi victime en octobre dernier d'injures similaires.

A l'issue de ces auditions et de celles de témoins, le parquet devra décider de poursuivre ou non John Galliano. Si les charges sont jugées suffisantes, la procédure usuelle est une citation directe devant le tribunal correctionnel. Le couturier nie avoir tenu les propos qu'on lui prête. L'enquête a montré qu'il avait bu au moment où les faits allégués se sont déroulés.

La vidéo qui accuse

Le site internet du quotidien anglais The Sun a par ailleurs mis en ligne lundi un enregistrement vidéo qui présente John Galliano à une table de bar où il déclare notamment: "I love Hitler" (j'adore Hitler) et profère des injures et des menaces antisémites à l'adresse de son interlocutrice, qui n'est pas visible sur le film. Son avocat, Stéphane Zerbib, n'a pas souhaité commenter ce document. SOS-Racisme estime dans son communiqué qu'à la vue de cet enregistrement, "les plaintes déposées à l'encontre de ce créateur prennent une consistance toute particulière".

Me Zerbib nie les accusations des plaignants de Paris et s'interroge sur la survenue d'une nouvelle plainte samedi. "Quand on est victime d'un acte antisémite ou raciste, on n'attend pas quatre mois", a-t-il dit. L'avocat assure par ailleurs que son client va bien. "(John Galliano) est en pleine forme. Il n'a jamais tenu ce type de propos, que ce soit ceux du 24 ou du mois d'octobre", a-t-il dit.

Cet incident, qui fait beaucoup de vagues dans le monde de la mode, est survenu à quelques jours du début de la "fashion week" parisienne du prêt-à porter. Le défilé Dior est prévu vendredi. John Galliano, qui organise un autre défilé dimanche sous sa propre marque, a maintenu cet événement.

Né le 28 novembre 1960 à Gibraltar, Juan Carlos Antonio Galliano, dit John Galliano, a été formé au Central Saint Martins College of Art and Design de Londres. Bernard Arnault, PDG de LVMH, l'a nommé en 1995 chez Givenchy puis en 1996 chez Christian Dior à la direction de la création de la haute couture et du prêt-à-porter féminin. Il a été sacré créateur britannique de l'année à quatre reprises.