Mobilisation générale pour sauver le volailler Doux

Par Juliette Garnier avec agences  |   |  623  mots
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Le gouvernement se dit à pied d'oeuvre pour éviter le pire au groupe Doux. L'entreprise bretonne qui emploie 3 400 salariés dans ses abattoirs a été placée en redressement judiciaire. Elle est plombée par 437 millions d'euros de dettes.

Doux a été placé en redressement judiciaire. Le premier producteur de volailles en Europe connu pour sa marque Père Dodu vient de l'obtenir auprès du Tribunal de Commerce de Quimper. Jean-Charles Doux, directeur général délégué, veut y voir le choix de la "sécurité". "Les plans de refinancement qui nous ont été proposés reposaient sur des solutions à court terme qui n?offraient pas de garanties suffisantes sur la continuité et la préservation des intérêts régionaux historiques du Groupe », a-t-il déclaré par communiqué.

Le groupe dit vouloir mettre "immédiatement en place un plan d?aide destiné aux fournisseurs stratégiques et aux éleveurs afin qu?ils ne subissent aucune difficulté". Ce plan sera mis en oeuvre dès lundi 4 juin, assure-t-il. "Le Groupe et les autorités publiques déploient tous leurs efforts pour que la procédure qui s'ouvre, essentiellement technique et liée au niveau d?endettement du Groupe, n?affecte pas ses opérations", a-t-il encore précisé.

800 éleveurs, dont 300 en Bretagne

Le gouvernement veille au grain. Jena-Marc Ayrault a sollicité plusieurs ministères. Et pour cause : les difficultés financières du groupe inquiètent ses propres salariés, mais aussi tous ceux qui travaillent dans la filière. Spécialisé dans les volailles entières et la découpe, Doux emploie 3 400 salariés en France dans une douzaine d'abattoirs et quatre usines d?aliments. Et il travaille avec environ 800 éleveurs, dont 300 rien qu?en Bretagne. La Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricole (FRSEA) des Pays de Loire avait déjà tiré la sonnette d?alarme. « Les éleveurs sont actuellement payés avec un retard de 60 à 150 jours. Cette situation est intolérable », a relevé la section avicole du syndicat agricole.

437 millions d'euros de dettes

Le gouvernement veut rassurer tout le monde. « Nous sommes à pied d'oeuvre avec Arnaud Montebourg [ministre du redressement productif] pour préserver les emplois en jeu », a affirmé ce vendredi 1er juin Stéphane Le Foll sur le perron du ministère de l?Agriculture, précisant que les deux ministres étaient "préoccupés par l'avenir de la filière". Plus tôt dans la matinée, Jean-Marc Ayrault était lui-même monté au créneau. « Le gouvernement est à l?action pour mobiliser les banques pour éviter le dépôt de bilan », a assuré le premier ministre, lors d?un entretien accordé à RMC-BFM TV.

Guerre des prix

Mais le peut-il vraiment ? Le groupe familial Doux est secoué par une très grave crise financière. Son endettement s?élèverait à 437 millions d?euros, d?après la CGT. Fin 2010, l?entreprise avait déjà dû renoncer à un projet d?emprunt obligataire de 400 millions d?euros, en raison de conditions de jugées trop difficiles sur les marchés financiers.
Depuis, l?entreprise, faiblement rentable, souffre de la guerre des prix. Ses ventes se sont effondrées à 850 millions d'euros en 2011, contre 1,4 milliard d'euros en 2010. La flambée des prix de l?alimentation la lamine. Et elle est aussi toujours plombée par sa filiale brésilienne Frangosul, dont elle a récemment cédé la gestion au brésilien JBS Friboi, tout en continuant à en assumer la dette estimée à 294 millions d?euros par la CGT.

Une bouffée d'oxygène

La priorité de la famille Doux - elle possède le groupe à 80% aux côtés de BNP Paribas (20%) - est "qu'il conserve son intégrité en France", a précisé à l'AFP vendredi une source proche du dossier, en assurant qu?aucun projet de plan social ne serait à l?étude. L'entreprise va présenter un plan de continuation en France "privilégiant l'emploi et la pérennité de l'entreprise".