Arnaud Montebourg refuse le dépeçage de Doux

Par Juliette Garnier  |   |  573  mots
Le groupe breton est tentaculaire.
Le ministre du redressement productif souhaite que le volailler "fasse l'objet d'une reprise globale". Les candidats à la reprise du groupe placé en redressement judiciaire début juin ont jusqu'au 5 juillet pour déposer leur dossier de reprise. Doux évalue ses actifs à 300 millions d'euros. Mais qui peut reprendre l'ensemble de ce groupe ?

A trois jours de la date-butoir du 5 juillet, les candidats à la reprise de Doux s'activent. Le ministre du Redressement productif aussi. "Notre souhait est que le groupe Doux fasse l'objet d'une reprise globale, nous refusons la stratégie du dépeçage et du démembrement", a déclaré Arnaud Montebourg, ce lundi 2 juillet, lors d'une conférence de presse.

300 millions d'euros d'actifs

Les candidats à la reprise du volailler breton ont jusqu'au jeudi 5 juillet pour se déclarer auprès du tribunal de commerce de Quimper. Le gouvernement espère fermement qu'un candidat se déclarera pour l'ensemble du groupe dont les actifs sont évalués à 300 millions d'euros. Parmi eux, figure la marque Père Dodu fort réputée. Mais Doux fait peur. C'est un groupe industriel tentaculaire : il fait tourner douze sites de production en France, exploite quatre couvoirs et aligne trois usines d'aliment. En outre, c'est un gros employeur : il salarie plus de 3.400 personnes dans l'Hexagone.

Un mini-démantèlement déjà en cours

De facto, la vente d'actifs par appartement a d'ores et déjà débuté. "Un mini-démantèlement est en cours", confirme un spécialiste du secteur. Pour preuve, une des usines Doux spécialisées dans l'alimentation animale, située à Châteaulin dans le Finistère, vient d'être cédée pour un montant net de 19 millions d'euros à Saria, filiale du groupe allemand Rethmann. Une deuxième usine toujours d'aliment pourrait être cédée, rapporte "Le Figaro". Une information que la direction de Doux n'a pas souhaité commenter, sans toutefois la démentir. L'urgence exige ces cessions pour trouver de l'argent frais et éviter une cessation d'activité.

Un scénario difficile à tenir

L'administrateur judiciaire, Régis Valliot, avait pourtant déclaré "privilégier une solution globale et concertée avec l'ensemble de la filière". Mais, selon plusieurs observateurs, ce scénario parait fort difficile à tenir. Qui pourrait s'aventurer à reprendre cet ensemble ? "Arnaud Montebourg espère toujours que la solution dite Barclays aboutisse", ironise un proche du dossier. La banque d'affaires britannique détient 140 des 430 millions d'euros de dettes du groupe. Elle était prête à effacer ce montant, contre la détention à 100 % du groupe. Charles Doux, actionnaire à 80 %, a refusé ce scénario "faute de garanties" en termes d'emplois, avancent ses porte-paroles. Et, dans la foulée, en pleine négociations avec le gouvernement, le patron du groupe aux 3.400 salariés en France a demandé le placement en redressement judiciaire.Il se dit maintenant prêt à ouvrir son capital.

Un fol espoir

"Nous défendons une stratégie de relance globale de l'entreprise avec le maintien de l'ensemble de l'activité économique et du plus grand nombre d'emplois, ainsi que des relations contractuelles avec les éleveurs", a expliqué Arnaud Montebourg. Un fol espoir que caressent aussi les coopératives agricoles. Dans une interview au journal spécialisé "LSA", le président de Coop de France, syndicat professionnel des coopératives agricoles, Philippe Mangin, a confirmé discuter avec le président de la FNSEA et dirigeant de Sofiprotéol, Xavier Beulin, et le groupe Glon Sanders, fabricant d'aliments pour le bétail. "Il essaie de coordonner les coopératives pour qu'elles présentent ensemble une offre de reprise", précise à "latribune.fr" son porte-parole. Parmi les éventuels repreneurs de Doux, figure notamment la coopérative Terrena, connue dans les rayons volaille des hypermarchés pour sa marque Gastronome. D'autres devraient se faire connaître le 5 juillet.