Les emplois français souffriront-ils de la concurrence des briquets chinois ?

Par Adeline Raynal  |   |  425  mots
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Le dirigeant du groupe français Bic, Bruno Bich juge cette concurrence déloyale et parle de briquets français "sacrifiés". Il menace de "réexaminer" des investissements importants sur un site d'Ille-et-Vilaine si l'Union Européenne ne ne reconduit pas une mesure antidumping vieille de 21 ans touchant les briquets importés de Chine.

La Commission européenne cherche à faire le ménage parmi les taxes antidumping qu'elle applique et doit se prononcer d'ici au 12 décembre sur le renouvellement ou non de la taxe en vigueur depuis 1991 concernant les briquets bas de gamme et premier prix importés. Inquiet, BIC menace de revoir ses investissements par la voix de son président de Conseil d'administration Bruno Bich.

Depuis 21 ans, chaque briquet bas de gamme importé par l'Union Européenne est taxé à hauteur de 0,065 euro. L'héritier du groupe français Bic plaide pour une reconduction de la taxe antidumping contre les importations chinoises dans une interview publiée par Le Figaro ce vendredi 16 novembre.

Une concurrence jugée déloyale...

"Nous avons déjà décidé d'un plan d'investissement dans les briquets de plusieurs dizaines de millions d'euros sur les trois prochaines années. À ce jour, une grande partie est prévue sur le site de Redon [en Ille-et-Villaine, ndlr] et sera maintenue si la taxe est renouvelée sinon, nous devrons réexaminer nos choix", prévient-il, soulignant que l'usine d'Ille-et-Vilaine réalise 50% de la production mondiale de briquets du groupe. "Il est aussi simple d'agrandir nos usines nord et sud-américaines", poursuit Bruno Bich.

Il accuse les fabricants chinois de concurrence déloyale et met en doute la sécurité des briquets qu'ils vendent sur le territoire européen. "Nous souhaitons seulement que la concurrence soit loyale et que les lois soit respectées", plaide-t-il.

"Bruxelles a peut-être choisi de procéder à des arbitrages en faveur de secteurs industriels jugés plus importants comme le photovoltaïque. Les briquets français pourraient alors être sacrifiés" craint le dirigeant du numéro 1 mondial des briquets de marque.

... pourtant BIC se porte bien

L'entreprise a déjà multiplié les actions en justice contre des concurrents asiatiques pour mieux faire respecter la mesure antidumping. Il faut dire que les briquets ont représenté près de 27% des ventes de Bic au cours des neuf premiers mois de cette année, soit le deuxième pôle d'activité du groupe derrière la papeterie.

Malgré tout, cette pression exercée par le spécialiste des produits jetables fondé en 1945 ne fait pas suite à des difficultés économiques puisqu'il a dégagé un bénéfice net en hausse de 7,6% à 70,4 millions d'euros au troisième trimestre et confirmé son objectif d'une stabilité de sa rentabilité opérationnelle en année pleine à la fin du mois dernier. "Nous nous défendons bien", concède d'ailleurs Bruno Bich.

(source : Le Figaro)