Agriculture : Bruxelles cède à la France

Par latribune.fr  |   |  484  mots
Le ministre français de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, et le commissaire européen à l'Agriculture Phil Hogan sont en négociations aujourd'hui à Bruxelles.
Les 28 ministres de l'agriculture de l'Union européenne, en réunion de crise ce lundi à Bruxelles, ont mis la pression sur la Commission face aux difficultés du secteur. La France a obtenu un retour temporaire à la régulation de la production laitière.

- Article actualisé à 17H30 -

Une première victoire pour Stéphane Le Foll. La Commission européenne a voulu prendre la mesure du désarroi des agriculteurs en annonçant lundi une série de mesures de soutien. Le commissaire européen chargé de l'agriculture Phil Hogan, a notamment accepté l'une des principales demandes du gouvernement français pour calmer la colère des éleveurs hexagonaux : le retour pour six mois à une régulation du marché laitier.

"Je suis prêt à proposer l'application de telles règles", a déclaré Phil Hogan devant les ministres de l'Agriculture des 28 réunis à Bruxelles, ouvrant la voie à l'activation d'une mesure spécifique (article 222) permettant aux opérateurs du secteur de s'entendre, sur une base volontaire, sur des limitations temporaires de la production.

Dans un communiqué publié à l'issue de la réunion, Stéphane Le Foll se "félicite que ce conseil du lundi 14 mars ait permis, comme je le souhaitais, d'adopter des mesures concrètes pour agir sur la surproduction, cause principale de la crise des filières d'élevage en Europe".

Limiter la production

La France, première puissance agricole européenne, avait multiplié les contacts avec d'autres gouvernements pour "stabiliser puis réduire" la production de lait, dont les niveaux, exceptionnels en Europe depuis la fin des quotas en avril 2015, contribuent à l'effondrement des prix.

Pour lutter contre l'appauvrissement des exploitations, Phil Hogan a également proposé un doublement des niveaux de stockage pour le lait écrémé en poudre et le beurre, respectivement à 218.000 tonnes et 100.000 tonnes, de manière à limiter temporairement la production. "Cette augmentation du plafond permettra de faire face à l'augmentation de la production en cours, le temps que la mesure de limitation de la production soit mise en œuvre et produise ses effets" commente Stéphane Le Foll.

Quant au niveau plafond des aides ministérielles par exploitant et par an, le commissaire Phil Hogan a souhaité son maintien à 15.000 euros, alors que de nombreux Etats membres voudraient le voir passer dans la fourchette 20.000-30.000 euros. La révision du montant du plafond nécessiterait "au moins sept mois" étant donné le nombre d'étapes pour adopter une telle mesure, a-t-il argué.

Mesures non contraignantes

"Tout va dépendre maintenant de la bonne volonté des 28 à jouer le jeu de la solidarité européenne" prévient cependant le vice président de la commission Agriculture du Parlement. La mesure de réduction de la production laitière reste en effet volontaire et donc soumise à la coopération des pays du Nord de l'Europe, peu enclins à revenir sur leur forte croissance dans ces secteurs. Une inquiétude exprimée lundi soir par Michel Dantin, député européen (PPE) dans un article de La France Agricole :

"Je me demande si le risque n'est pas que la France et les autres pays continentaux réduisent effectivement leur production tandis que les pays nordiques continuent leur trajectoire de surproduction".