Agriculture : les pertes pour 2016 estimées entre 4 et 5 milliards d'euros

Par latribune.fr  |   |  486  mots
"La FNSEA travaille donc sur un plan de refinancement" des exploitations.
Selon la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), au moins trois milliards seront à imputer au secteur des céréales. L'agriculture française est pénalisée par trois crises cumulées : climatique, sanitaire et du marché.

"La situation n'a jamais été aussi grave." Le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), Xavier Beulin, s'est inquiété mercredi 10 août du niveau des pertes dans l'agriculture française en 2016, qui s'élèveront, selon les estimations de l'organisme, entre 4 et 5 milliards d'euros, toutes filières confondues.

Trois crises cumulées expliquent l'ampleur des dégâts : du marché, climatique et sanitaire, a expliqué Xavier Beulin, qui s'exprimait dans une exploitation laitière à Sulniac (Morbihan). La FNSEA réalise un tour de France des régions agricoles "où l'on sent de la désespérance", a ajouté le secrétaire général adjoint du principal syndicat agricole, Daniel Prieur.

"Des cours mondiaux très très bas" pour les céréales

Sur ces 4 à 5 milliards d'euros "de pertes sur la Ferme France, on estime qu'il y a 3 milliards, peut-être un peu plus", qui vont venir des céréales, a affirmé Xavier Beulin. Cette filière connaît de grandes difficultés pour la deuxième année, avec "des cours mondiaux très très bas" auxquels s'ajoutent cette année une "crise climatique", qui a touché plus particulièrement le nord de la France.

"C'est globalement une perte (de production) supérieure à 30% avec des pics parfois -je pense au blé dur- de 60%. C'est énorme", a-t-il déploré.

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La nécessité de mesures extraordinaires

"La FNSEA travaille donc sur un plan de refinancement" des exploitations, "car à ce niveau de pertes, ce ne sont pas des mesures traditionnelles qui peuvent suffire", a expliqué le président de la fédération.

"Ce que nous allons demander au gouvernement, c'est de prendre en charge un fonds de garantie ou de réassurance qui devrait permettre aux banquiers, en direct auprès des agriculteurs, de leur proposer des conditions de taux, de durée (d'emprunts) compatibles avec leur rentabilité", a-t-il poursuivi.

Lors d'une réunion avec des agriculteurs et des responsables locaux de son syndicat, ces derniers lui ont dressé pendant plus de deux heures un tableau souvent noir des différentes filières : volailles, porcs, viande bovine, lapins et lait.

Le secteur du lait en colère contre Lactalis

Ce dernier secteur est particulièrement déprimé. Le comportement du numéro un mondial du lait, Lactalis, provoque notamment la colère des exploitants.

Lactalis "a annoncé en juillet le prix le plus bas jamais annoncé, pour les mois de juillet août, à savoir 256 euros les 1.000 litres", a expliqué Marie-Andrée Luherne, secrétaire général de la FDSEA 56. "C'est un très mauvais signe car ça donne la tendance" pour les autres opérateurs du secteur, prévoit-elle, précisant : "Pour une rémunération normale de notre travail, il faudrait un prix de 360 euros pour 1.000 litres."

(Avec AFP)