Etats généraux de l'automobile : la France prête à consacrer 5 à 6 milliards d'euros au secteur

Par latribune.fr  |   |  773  mots
François Fillon a annoncé ce mardi que l'aide de l'État en faveur des constructeurs français PSA Peugeot Citroën et Renault serait au total de "l'ordre de 5 ou 6 milliards d'euros", la soumettant une nouvelle fois au maintien de la production en France.

Le gouvernement au chevet du secteur automobile. Alors que les acteurs du secteur sont réunis ce mardi à Bercy, François Fillon, le Premier ministre, a rappelé qu'un "effort massif de financement (en faveur de cette industrie, ndlr) était nécessaire". A l'issue de la réunion, le Président Sarkozy devrait annoncer de nouvelle mesures d'aides pour les professionnels de l'automobile.

François Fillon a avancé le chiffre de 5 à 6 milliards d'euros d'aide au secteur, précisant que le gouvernement est "prêt à travailler aux côtés de nos partenaires européens".  Depuis plusieurs jours, Bruno Le Maire, le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, plaide pour un plan européen de soutien au secteur. "Notre effort en faveur des constructeurs va être massif. De quoi parle-t-on? De sommes qui sont de l'ordre de 5 ou 6 milliards d'euros", a déclaré le chef du gouvernement en ouverture des états généraux de l'automobile. Mais le Premier ministre a averti qu'il n'y aurait "pas d'effort de l'Etat sans engagement des constructeurs". "Il n'est pas question que l'Etat vienne en aide à un constructeur qui déciderait de fermer purement et simplement un ou des sites de production en France", a-t-il insisté. Il ne s'agira pas de dire "on prend et on délocalise", a également affirmé le chef du gouvernement. "Nous attendons donc en contrepartie que leurs engagements soient exemplaires tant sur les volumes de production en France qu'en termes de relations vis-à-vis de la la chaîne de sous-traitance", a ajouté François Fillon. Le secrétaire d'Etat à l'Industrie Luc Chatel a ensuite précisé que ces 5 à 6 milliards doivent servir à couvrir les "besoins de trésorerie à court terme" des constructeurs français.

Mais il n'a pas souhaité en donner les dispositions pratiques avant l'annonce, au plus tard début février, du plan de soutien à la filière automobile.
En revanche, Luc Chatel a détaillé les contreparties attendues par l'Etat: pas de fermeture d'usine en France - tout en reconnaissant une surproduction de 20% en Europe- un "engagement fort sur la filière" avec la signature mardi du fonds d'investissement de 300 millions pour aider les sous-traitants - et la suppression des bonus et des dividendes pour les dirigeants et actionnaires.

Vendredi dernier, Bruxelles s'est montré inflexible. La Commission européenne a refusé d'assouplir les règles communautaires sur les aides de l'Etat. De plus, Günter Verheugen, le vice président de la Commission européenne chargé des entreprises et de l'industrie, a déclaré ce mardi que l'institution devrait veiller à ce que le président américain Barack Obama décidera de faire pour le secteur et s'assurer que les mesures américaines ne seront pas incompatibles avec les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)

Ce matin, Christian Streiff, le président de PSA Peugeot Citroën a affirmé dans une interview au Figaro qu'il ne voulait pas d'une montée de l'Etat dans le capital de son groupe en échange de son aide. Il a appelé le gouvernement à concentrer son aide sur les banques, pour qu'elles puissent recommencer à prêter normalement.

En lien avec ce sujet, le chef du gouvernement a précisé que l'Etat "n'attendra pas des mois pour s'assurer que les banques fournissent des liquidités" et qu'il allait "assouplir les conditions d'accès au crédit des filiales bancaires des deux constructeurs automobiles français, Renault et PSA. Mais en contrepartie, le Premier ministre a précisé que le gouvernement attendait "des engagements de la part des constructeurs tant sur les volumes de production en France que sur leurs relations vis-à-vis des constructeurs".

La survie de nombreux constructeurs en jeu

Carlos Ghosn, le patron du groupe Renault (Renault, Nissan, Dacia...) s'est montré plus pressant que son rival. Il a estimé que "la survie d'un certain nombre de constructeurs, de fournisseurs et de distributeurs" du secteur automobile était "en jeu dans les mois à venir". Il a jugé les mesures déjà en place "insuffisantes" et prévoit que les deux années à venir (2009 et 2010) seront "décisives".

"Notre industrie doit faire face à une crise brutale, mondiale et d'une ampleur exceptionnelle", a souligné Carlos Ghosn, qui est également président de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA). "L'ensemble des dispositions" de soutien au secteur automobile prises jusqu'à présent par les pays européens "semble aujourd'hui insuffisantes pour permettre à notre industrie de traverser la crise", a-t-il encore affirmé.
Comme première mesure d'aide au secteur, Carlos Ghosn a demandé la "suspension" de la taxe professionnelle, estimant que "le made in France est pénalisé de mille euros", par rapport à une voiture fabriquée ailleurs.